18/01/2014 Déplacement Anfield (c'est vieux)

[matlehulk]

Notre chairman demande, alors notre chairman a.

 

Il y a bientôt deux ans, j'ai effectué mon dernier déplacement pour assister à un déplacement des Reds dans la fraîcheur de l'hiver anglais, pas bien pire que l'hiver picard.

En partant de ma petite ville de Corbie direction Charles de Gaulle (l'aéroport, pas le porte-avions) et un avion qui part pour Manchester. Fan convaincu, mais pas con, mon maillot rouge vif est couvert d'un gros pull pour passer de l'aérogare à la gare de la ville de nos rivaux historiques. Surprise à la gare : le quai et les boutiques sont pleines à craquer de scousers en transition, comme moi. Le temps de se refaire à l'accent local, on m'indique gentiment le chemin et je suis un groupe de gros chauves qui me paraissent particulièrement sympathiques.

 

Arrivé à Liverpool, j'attends mon poto Manu, très heureux de le retrouver, malgré une jambe mal foutue qui va le rendre aussi lent physiquement qu'intellectuellement. A l'époque il n'est rien, ni chairman, ni responsable de quoi que ce soit, à peine en charge d'une section régionale pour les vieux retraités et les motodidactes. C'est aussi l'occasion d'y retrouver son beau-père, un mec d'une génération et demi de plus que moi, sympathique, à l'humour fin et piquant. Ce genre de mec que tu aimes retrouver à l'occasion, et dont tu regrettes qu'il ne fasse pas partie de ta famille, histoire d'égayer le réveillon de Noël ou l'anniversaire de mamie. A partir de ce moment-là, même si c'est mon 4e séjour en terre rouge, je me laisse guider par la famille niçoise.

On boit des coups avec d'autres sympathiques membres, plus ou moins jeunes, plus ou moins drôles, plus ou moins connus IRL ou via le forum, plus ou moins chevelus, mais tous heureux de se retrouver ici. Le traditionnel "ah tu ne vois pas d'alcool", répété au gré des rencontres, permet de boire un Coca tranquille et de laisser plus de pintes aux copains (argument qui a fait ses preuves).

Le jour du match, rdv devant le stade où le ptit Manu distribue les précieux tickets. Quelques couillons disent à peine merci, mais un sacré paquet ont les yeux qui brillent, la zigounette qui frétille et le poil qui se dresse à la vue du sésame. J'ai le droit de retourner dans le Kop, sans les copains français, puisque c'est une place seule qui m'est donnée.

 

A l'entrée, comme à chaque fois, j'entends Sergio me dire, quelques années auparavant, de profiter de ce moment magique où l'on découvre le stade, la pelouse, les tribunes, et je revis cette première fois en profitant de chaque miette de spirit qui m'est ainsi offerte.

Le YNWA part de mes voisins de travées, et mes poils se dressent en même temps que les larmes me montent aux yeux. Je crois que je pourrais y aller toutes les semaines, ce serait pareil. La même émotion à chaque fois.

Je passe sur le match, insipide et décevant sur le terrain, pas beaucoup plus animé en tribune en général, mais assez funky dans le Kop où mes voisins sont aussi créatifs que bruyants et passionnés. 

On sort et direction le resto italien pour une grande tablée où on se réchauffe et se remplit le ventre à quelques mètres du médecin du club qui tire la gueule, seul. Les blessures annoncées le lendemain n'étaient pas une surprise pour nous. Il y a des grands, des petits, des blancs comme des culs, des plus bronzés, des gars du nord, de l'ouest, de l'est, des filles, des vieux, des jeunes, des suisses et on ne se serait jamais rencontrés ailleurs. Chacun repartira de son côté le soir, car c'était un déplacement solo...où on était 30 je crois. La magie de la French Branch (meilleure du monde cette saison-là) pour soutenir la passion de chacun.

 

On profite d'une bonne nuit, d'un bon petit déj et le retour à la maison est difficile, ne sachant pas quand je pourrais revenir à Liverpool, où croiser Manu et son beau-père. Je repense aussi dans l'avion aux précédents voyages, à ceux que j'ai rencontré depuis 2009 et cette première fois incroyable, dans le Kop, avec Ngog qui marque sous nos yeux face à MU, ce sprint de Reina.

 

En rentrant, je retrouve la petite Elise, 2 mois à peine, qui avait suivi son premier match à la télé quelques mois plus tôt. Un Merseyside derby où elle s'était endormie sur mon ventre, m'empêchant de hurler et de sauter sur mon canapé. Quelques mois plus tard, elle entrera dans Anfield, le premier stade de sa vie, pour y voir jouer (très mal, mais on s'en fout) son papa.

Depuis, je n'ai pas pu retourner à Anfield (le boulot, la famille, la vie...), ni revoir Manu, notre chairman adoré. Je ne pourrais plus retrouvé son beau-père, et ça m'a tiré une larme plus grosse que pour un YNWA.

 

Voilà chef, je l'ai fait ton compte-rendu. Il est en retard, il est pas super intéressant, et il m'a fait remonter quelques larmes. J'espère que les bleu bites feront mieux, mettront des jolies photos et sauront profiter autant de la chance qu'on a de vivre un rêve.

[Emlyn Crazy Horse]

Le bonheur de te lire est à la hauteur de l'attente

[kikinou]

je viens de me reprendre ce déplacement en pleine tronche ... les souvenirs avec . putain j'ai la gueule pleine de larmes

merci tcho !