Un peu de lecture...

[Gibus13]

25 avril 1973 ; le Baseball Ground ; match retour de la demi-finale de la Coupe d'Europe et les 38000 spectateurs débordent presque sur le terrain. La foule est si dense, les gens si serrés les uns contre les autres, serrés les uns contre les autres et tendus que le Baseball Ground est une putain de fosse aux lions. Tu remets ta cravate en place. Tu remets tes cheveux en place...

Pas de Gemmill, ce soir. Pas de McFarland, ce soir...

« Ils nous ont eus à Turin, tu dis dans le vestiaire. Maintenant on les aura ce soir, à Derby. Ici, ce soir chez nous ! Ici, ce soir, sur notre terrain ! ».

Webster envoie Zoff au tapis pendant les premières minutes ; O'Hare tire et Zoff sauve à nouveau ; un coup franc de Hinton contraint Zoff à un nouveau sauvetage...

Mais les lèvres de la Vieille Salope sont serrées, ce soir ; froide et sèche, elle croise les jambes ; elle agace tes joueurs, elle titille tes joueurs, elle les chatouille et les provoques...

Salvadore prend un carton, Spinosi et Altafani aussi...

Vous possédez le terrain, elle résiste.

Enfin, enfin, on aperçoit un morceau de cuisse ; brièvement, on voit un tout petit morceau de jambe sous les jupes de la Vieille Salope ; à la cinquante quatrième minute, Kevin Hector est fauché. Le sifflet retentit et Derby obtient un penalty. Alan Hinton s'avance. Alan Hinton tire...

A côôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôô té !

« Bordel de merde ! Tu cries. Foutu putain de connard nul à chier. »

Tu boufferas Hinton au dîner, tu le cracheras sur le sol du vestiaire, ce foutu putain de connard de merde, ce foutu putain de connard de merde qui t'a volé la victoire, volé la Coupe d'Europe.

Mais tu ne renonces pas. Pas encore. Tu refuses de renoncer. Pour le moment. Tu ne renonceras jamais...

Tu regardes ta montre. Tu regardes ta montre. Tu regardes ta montre...

Il y a encore le temps. Il y a encore le temps. Il y a encore le temps...

Jusqu'au moment où Roger Davis explose et donne un coup de boule à Morini...

Jusqu'au moment où Roger Davis est expulsé...

« Foutu putain de connard nul à chier. »

Ce putain de connard nul à chier, ce putain de connard nul à chier qui t'a volé la victoire, qui t'a volé la coupe...

Dix homme sur le terrain et vingt quatre minutes à tenir.

Vingt minutes avant la fin, tu fais sortir Peter Daniel et entrer John Sims, le buteur de la réserve ; c'est tout ce que tu peux faire...

Boulton sauve un tir d'Anastani. Boulton sauve un tir de Longobucco...

Tes foutues mains vides, vides, puis le putain de bruit vide, vide du coup de sifflet final, tandis que bras en noir et blanc brandissent le poing...

Que les drapeaux noir et blanc envahissent le terrain...

Des drapeaux à carreaux noirs et blancs...

Qui te tire vers le bas, te détruisent...

Te détruisent et te noient.

Tu as fait 0-0 contre la Juventus. Tu as obtenu treize corners et vingt neuf coups francs, mais ce n'est pas une consolation ; pas une consolation que seul Manchester United soit allé plus loin que toi, que seul Manchester United ait atteint la finale...

Que seul Manchester United ait levé cette coupe...

Bu dans cette coupe d'Europe...

Aucune consolation.

Pas une consolation que la Juventus soit battue 1-0 par l'Ajax d'Amsterdam en finale, à Belgrade, le mois suivant. Pas un consolation que l'arbitre portugais, Francisco Lobo, informe l'UEFA qu'on lui avait proposé 5000 dollars et une Fiat s'il permettait aux Italiens de remporter le match retour. Pas une consolation que, cinq ans auparavant tu perdais à domicile contre Hull City devant 15000 spectateurs, seizième de la deuxième division...

Ce n'est pas une putain de consolation...

Il n'y a pas de consolation possible.

Ces jours et ces mois, cette année et cette période resteront à jamais en toi, demeureront toujours en toi, toujours en toi, toujours en toi...

Les deux mois les plus noirs de ta vie, des mois qui te hantent et te traquent encore, qui te hanteront et te traqueront toujours, toujours te hanteront et te traqueront...

Mars et avril 1973 ; la fin de tout le bon, le début de tout le mauvais.

 

Tu n'es plus en Coupe d'Europe. Tu n'es plus dans la course au titre. Tu ne participes plus aux Coupes d'Angleterre et de la ligue. Désormais, Derby County ne peut plus se qualifier pour la Coupe de l'UEFA de la saison prochaine que si Derby bat les Wolverhampton Wanderers ce soir, puis si Leeds United bat Sunderland, club de deuxième division, demain en finale de la Coupe d'Angleterre, où si Leeds bat l'AC Milan en finale de la coupe des vainqueurs de coupe.

Tu bats les Wolves. Tu le fais en une demi-heure...

Tout d'abord, Roy McFarland met un ballon de John O'Hare au fond, puis O'Hare centre pour Roger Davis qui envoie un boulet dans le haut du filet, enfin Davis marque à nouveau en reprenant le rebond d'un tir de David Nish ; le travail est fait en une demi-heure, tu fixes le toit de la tribune, les brins d'herbe du terrain, les aiguilles du cadran de ta montre...

Parce que ce sont les dernières minutes de la saison 1972-1973. Les dernières minutes de votre statut de champions. Le coup de sifflet final va retentir, Bill Shankly et Liverpool seront champions, pas vous...

 

 

David Peace

« 44 jours »

[Nefilim08]

[Nefilim08]

Bonjour à tous,

C'est l'été. A la recherche d'un peu de lecture? Voici un  roman qui devrait remuer la corde sensible de plus d'un parmi vous.

Ce roman s'intitule Ne plus jamais marcher seuls. L'auteur s'appelle Laurent Seyer et son précédent ouvrage, Les poteaux étaient carrés, prouve que le foot est l'une de ses passions. 

Pour en revenir à l'ouvrage qui nous intéresse, il met en scène la rencontre improbable entre une jeune journaliste branchée parisienne venue dans le Nord de l'Angleterre pour faire un article sur le Brexit et un chauffeur de taxi , un peu hooligan et ultra fan de Liverpool. Malgré leurs différences, ils vont finir par se rapprocher (je n'en dirai pas plus).

C'est très facile à lire et le romancier connaît son LFC sur le bout des doigts , d'ailleurs je pense qu'on peut apprendre encore des choses (ce fut mon cas).

Je n'ai pas été convaincu par tout, notamment le rapprochement entre les deux personnages, mais tout ce qui concerne le LFC est bien vu.

Bonne lecture !!! 

Modifié le 8 juillet 2020 par Nefilim08

[Gibus13]

Salut,

c'est avec quelques mois de retard que je vois ta réponse !!

Merci pour ces conseils de lecture, bouquin commandé dans ma librairie préférée !

Si tu as d'autres références, je suis preneur.

YNWA;

[GmeSvry]

Le 08/07/2020 à 09:56, Nefilim08 a dit :

Bonjour à tous,

C'est l'été. A la recherche d'un peu de lecture? Voici un  roman qui devrait remuer la corde sensible de plus d'un parmi vous.

Ce roman s'intitule Ne plus jamais marcher seuls. L'auteur s'appelle Laurent Seyer et son précédent ouvrage, Les poteaux étaient carrés, prouve que le foot est l'une de ses passions. 

Pour en revenir à l'ouvrage qui nous intéresse, il met en scène la rencontre improbable entre une jeune journaliste branchée parisienne venue dans le Nord de l'Angleterre pour faire un article sur le Brexit et un chauffeur de taxi , un peu hooligan et ultra fan de Liverpool. Malgré leurs différences, ils vont finir par se rapprocher (je n'en dirai pas plus).

C'est très facile à lire et le romancier connaît son LFC sur le bout des doigts , d'ailleurs je pense qu'on peut apprendre encore des choses (ce fut mon cas).

Je n'ai pas été convaincu par tout, notamment le rapprochement entre les deux personnages, mais tout ce qui concerne le LFC est bien vu.

Bonne lecture !!! 

Hello ! A vrai dire moi non plus je n'ai pas été convaincu par le bouquin. Certes il se lit très vite, mais le scénario et, comme tu dis, le rapprochement entre les deux personnes sont complètement improbables...

Mais point positif, en effet, on est toujours preneur des infos sur LFC glanés dans le livre !

[Emlyn Crazy Horse]

Le 01/12/2020 à 19:28, GmeSvry a dit :

Hello ! A vrai dire moi non plus je n'ai pas été convaincu par le bouquin. Certes il se lit très vite, mais le scénario et, comme tu dis, le rapprochement entre les deux personnes sont complètement improbables...

Mais point positif, en effet, on est toujours preneur des infos sur LFC glanés dans le livre !

Idem.

Première partie du livre assez intéressante, mais j'ai vite décroché sur la seconde un peu bâclée.

Un roman de .... Lime Street