La méthode Dalglish à l'épreuve
Face à Manchester City, dimanche (17h00), Kenny Dalglish va pouvoir jauger le niveau de son équipe de Liverpool, un an à peine après son retour.
Où en est Liverpool presqu'un an après le retour de Kenny Dalglish comme entraîneur ? La question mérite d'être posée tant le ''King'', titré à trois reprises à la tête des Reds (1986, 1988 et 1990), a suscité de l'espoir lorsqu'il a remplacé Roy Hodgson, limogé en janvier dernier. Pas vraiment distancé ni vraiment dans le coup, telle est la position approximative d'un club qui ne semble toujours pas avoir retrouvé la bonne formule. Pas même avec son idole aux commandes. Car pour les fans, Dalglish est beaucoup plus que le coach actuel, c'est un dieu vivant. «Le Bon Dieu qui a le diable au corps», disait de lui Jacques Thibert, dans France Football en 1985. A l'époque, l'attaquant international écossais (102 sélections, 30 buts) était au sommet de son art. Bien des années plus tard, c'est depuis le banc de touche qu'il officie, et ce n'est pas la même histoire.
Appelé l'hiver dernier au chevet d'une formation à l'abandon et sans solution depuis le départ de Rafael Benitez, l'ancien entraîneur de Blackburn sacré avec lui champion en 1995, alors qu'il avait pris en main l'équipe deux ans auparavant en D2, a mis peu de temps à retrouver ses marques. C'est la première chose à souligner. Car avant son come-back, le bougre n'avait plus entraîné depuis onze ans ! Finir sixième de Premier League dans ces conditions, c'est déjà une performance. Mais le "Monosyllabic manager", comme il était surnommé lors de son premier passage sur le banc des Reds (1985-1991), n'aurait-il pas pu faire encore mieux ? Si par exemple il avait persuadé Fernando Torres de rester. Ou s'il avait évolué tactiquement, rompant définitivement avec le football d'un autre temps.
Un «professionnel idéal»... qui ne fait pas l'unanimité
Exceptionnel en rien lorsqu'il était encore sur le terrain, mais excellent en tout, Dalglish est un entraîneur fidèle à son passé de joueur. Peu bavard mais pas pour autant silencieux avec les médias, ce «professionnel idéal» tel que le voyait son ancien sélectionneur Jock Stein, est pourtant loin de faire l'unanimité dans le milieu. S'il a réussi à convaincre ses dirigeants de le prolonger jusqu'en 2014, il ne laissera pas un souvenir impérissable à David Ginola, l'un des rares Français qu'il a dirigés. «Avec lui, je n'ai pas envie, confiait l'ancien Parisien en 1997, alors star adulée à Newcastle, entraîné par Dalglish. Ce n'est pas une question de personnage. Il veut renforcer le milieu de terrain avec des gens qui travaillent beaucoup plus dans ce secteur. Moi, je suis avant tout un attaquant. Je ne suis pas un récupérateur». Problème, aujourd'hui la situation semble identique. Henderson joue parfois à droite alors qu'il est axial. Carroll, recruté à prix d'or, se retrouve remplaçant. Bref, seule la défense, avec l'arrivée de José Enrique et le retour au premier plan de Daniel Agger, donne véritablement satisfaction. La méthode Dalglish tarde à faire ses preuves, c'est la seule certitude aujourd'hui à Liverpool.
Hugues SIONIS
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