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rafalabamba

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Tout ce qui a été posté par rafalabamba

  1. De mon séjour, la semaine dernière, à Liverpool, j'en profite pour corriger deux points : - La C3 de 1976 a été remportée par Bob Paisley et non Shankly, comme le rappelle le palmarès pharaonique d'Uncle Bob repris sur la Paisley's Gate, - Dans le programme du match, un article était consacré à Nabil El Zhar, jeune joueur formé à Saint-Etienne puis recruté par Benitez avec quelques apparitions sous le maillot rouge.
  2. Les mercredi 2 et 16 mars 1977, Liverpool et Saint-Etienne se rencontraient à l’occasion d’un quart de finale de la coupe d’europe des clubs champions, qui allait se conclure par la chevauchée fantastique du super Sub David Fairclough, inscrivant un 3ème but dans les dernières minutes permettant à Liverpool de renverser sa défaite à l'aller à Geoffroy-Guichard. Pour quelqu’un né à Saint-Etienne dans les années 70 et grand supporter des Reds depuis le début des années 80, ce quarantième anniversaire ne peut passer inaperçu surtout qu’une autre confrontation, en seizième finale de l’Europa League, entre Saint-Etienne et le voisin honni de Manchester United, en a ravivé, pendant une semaine, le souvenir. Cet anniversaire est d’autant plus important dans l'histoire des deux clubs qu’il marque une sorte de passage de témoin sur la scène européenne entre les Verts de Saint-Etienne et les Reds de Liverpool. En effet, la défaite à Anfield sonna la fin de l'épopée européenne des Verts, qui, après une demi-finale de C1 en 1975 et une finale malheureuse en 1976 contre le Bayern Munich, était incontestablement une des équipes favorites de l’édition 1976/77. Pour un certain nombre de joueurs stéphanois, la défaite à Anfield fut encore plus amère qu’en finale à Glasgow l’année précédente : Saint-Etienne était éliminé après avoir réalisé deux de ses meilleurs matchs européens…La génération dorée issue de la formation, complétée de Piazza et Curkovic, allait progressivement laisser la place aux Platini et Rep qui ne parviendront jamais à revenir à ce niveau de la compétition et à entretenir durablement cette flamme verte… L’année suivante, les Verts furent rapidement éliminés par Manchester United dans la coupe des vainqueurs de coupe et ne réalisèrent plus que quelques exploits sporadiques contre le PSV Eindhoven et Hambourg SV sans jamais dépasser le stade des quarts de finale des compétitions européennes avant de sombrer définitivement avec l’affaire de la caisse noire au début des années 80…. Au contraire, cette victoire contre Saint-Etienne fut le début pour Liverpool de la décennie glorieuse en C1 avec 4 victoires en 7 ans, Paisley et Fagan prolongeant et embellissant la première victoire en C3 du maître Bill Shankly en 1973…Comme l’admit Ray Clemence, « Saint-Etienne était probablement la meilleure équipe d’Europe à cette époque et après les avoir battus, nous avons senti que nous pouvions remporter la C1 ». Si le destin de Liverpool et Saint-Etienne s’est croisé et, en quelque sorte, inversé en 1977, les deux clubs présentent néanmoins un certain nombre de similitudes : Tout d’abord, sur un plan urbanistique, les deux villes partagent une histoire ouvrière fondée pour l’une sur les mines (et également la manufacture des armes Manufrance) et l’autre sur le commerce maritime et les docks. Saint-Etienne reste plus petit que Liverpool mais les ressemblances entre ces deux cités industrielles ayant éclos au 19ème siècle restent frappantes. Elles entretiennent une forte rivalité avec leurs proches voisins qu’ils soient lyonnais ou mancuniens même si l’opposition entre la cité industrielle et la ville bourgeoise est plus marquée entre Saint-Etienne et Lyon qu’entre Liverpool et Manchester, cités de taille comparable qui avaient fondé leur richesse sur leurs ports et se concurrençaient dans ce domaine. Après une période de crise liée au thatchérisme pour l’une et à la fin de la Manufrance pour l’autre, les deux villes ont connu un profond mouvement de rénovation, encore plus marqué avec la tertiarisation de l’économie à Liverpool, avec la spectaculaire réhabilitation des docks et la création de l’ensemble commercial Liverpool One. Un autre point commun entre Liverpool et Saint-Etienne est constitué évidemment par la passion entourant le football et la ferveur constante des supporters. A titre d’exemple, 6.000 supporters stéphanois s’étaient déplacés pour le quart de finale de 1977, dont un certain nombre contraints de dormir dans la rue…Le travelling Kop est aussi bien connu pour ses déplacements européens en toutes circonstances. Les deux villes respirent le foot, dont les clubs respectifs font la fierté des habitants (à l’exception de ceux supportant les Toffees à Liverpool…). Saint-Etienne, comme Lens également, font partie des rares clubs français où le soutien du public est comparable à l’ambiance anglaise (en tout cas celle d’avant la Premier League…), comme l’ont d’ailleurs rappelé les supporters stéphanois lors de leur déplacement à Old Trafford. Les deux équipes sont d’ailleurs identifiées par des couleurs, connues de tous, les Reds pour les uns, les Verts pour les autres, étendards qui se transmettent de génération en génération. Lors de la confrontation de 1977, les kopites répondirent d’ailleurs par un « Allez les rouges » aux encouragements des supporters stéphanois et leur célèbre « Allez les verts »… Les deux stades présentent aussi des similitudes, le stade Geoffroy-Guichard ayant été longtemps considéré comme un stade « rectangulaire » à l’anglaise avec des tribunes proches du terrain, même si la rénovation intervenue dans le cadre de la préparation de l’Euro 2016 a conduit à en fermer les virages. Quelques joueurs ont également porté les deux maillots pour des périodes toutefois limitées. Le solide défenseur norvégien Kvarme fit trois saisons à Liverpool puis deux à Saint-Etienne. « Titi » Camara, formé à Saint-Etienne, fit la première saison du Liverpool de Gérard Houllier alors que les deux « Gems » du « professeur » Le Tallec et Sinama-Pongolle effectuèrent des passages en prêt à Saint-Etienne de 6 mois et 1 an dans le cadre des nombreux clubs fréquentés au cours de leur carrière d’espoirs n’ayant jamais véritablement confirmés…Nabil El Zhar fut enfin un jeune ailier marocain formé à l'ASSE recruté par Benitez. Au niveau du staff technique, John Toshack se signala par un court passage sur le banc de l’ASSE de 3 mois avant de rejoindre un de ses clubs de cœur la Real Sociedad. Damien Comolli était directeur sportif de l’ASSE avant d’être recruté par Liverpool comme directeur de la stratégie du football en octobre 2010 avec des succès évidents (Luis Suarez, Jordan Henderson) et des flops certains (Andy Carroll, Stewart Downing) qui conduisirent à son éviction en avril 2012. Un des derniers points communs entre les deux clubs pourrait résider dans l’adaptation tardive mais réussie au football moderne, même si les moyens diffèrent entre les deux championnats et les deux clubs. Après une période chaotique, ces derniers paraissent désormais relativement bien gérés, le tandem Romeyer-Caïazzo inscrivant le club stéphanois dans une relative stabilité tandis que les nouveaux propriétaires américains de Liverpool ont enfin permis l’agrandissement d’Anfield, attendu depuis plus de vingt ans... En conclusion, comme le rappellait Christophe Galtier l’entraîneur stéphanois, les deux clubs se ressemblent dans l’esprit et dans les valeurs. En tout cas, le match contre Saint-Etienne en 1977 restera encore longtemps dans la mémoire des Kopites sur le podium des nuits magiques d’Anfield avec l’Inter en 1965 et Chelsea en 2005 !!!
  3. Après un bon footing (pour cause de retard de mon car venant de Cambridge) de la gare routière de Liverpool One à Anfield en passant par mon hôtel le tout en 45 mn chrono, il était temps de raviver les souvenirs procurés par cette rencontre contre une bonne équipe de Leeds en ¼ de finale de la coupe de la ligue : . Les confrontations homériques des années 60 et 70 entre le Liverpool de Shankly et le Leeds de Don Revie et son équipe de “bad boys” composée de Billy Bremmer, Peter Lorimer ou Joe Jordan. La statistique, reprise dans le programme du match, désignant les joueurs ayant le plus participé à l'affiche du jour, illustre d'ailleurs bien l'âge d'or du club concerné : Pour Sunderland, ce fut plutôt la première moitié du vingtième siècle tandis que l'épitome de Leeds se situe clairement dans les années 70, même si Leeds put être considéré, à cette époque, comme un “perdant magnifique”, cumulant les places d'honneurs avec certes quelques succès en championnats et en Europe... . Le renouveau dans les années 90 (le dernier club dont le nom commençait par un L, qui avait remporté le championnat d'Angleterre avant Leicester, était le Leeds de Cantona et de Wilkinson et non Liverpool...) puis au début des années 2000 avec l'équipe des jeunes talents assemblés par David O'Leary (Kewell, Viduka, Bowyer) complétée par quelques recrues de choix (Rio Ferdinand et bien évidemment Robbie Fowler), qui firent notamment quelques ravages en ligue des champions et aussi une véritable démonstration à Anfield en avril 2001 avec une victoire 3 buts à 1; . La descente aux enfers, engendrée par plusieurs échecs successifs dans la course à la qualification pour la ligue aux champions, privant le club des ressources nécessaires pour payer des salaires devenus exorbitants. Leeds fut contraint de vendre progressivement ses meilleurs joueurs, conduisant logiquement à une relégation sportive. Leeds fut, en quelque sorte, le repoussoir de ce que le Liverpool Football Club aurait pu devenir sous la présidence de Gillet-Hicks, un club criblé de dettes, privé progressivement de ses meilleurs éléments. Heureusement, grâce aux Boston Boys, nous n'avons pas fait une Leeds... Au contraire, sous l'impulsion des nouveaux propriétaires, le projet de rénovation du stade a enfin pu voir le jour : J'ai ainsi pu tester, grâce à la légendaire efficacité de la section billeterie de la French Branch, cette nouvelle tribune à l'occasion du match contre Sunderland. Outre la satisfaction de voir enfin réalisé un projet évoqué depuis les années Moores-Parry, elle assure, plus que dans le Kop, une visibilité sur l'ensemble du jeu et des actions menées sans trop réduire la perception effective des joueurs. En revanche on pourra regretter cette vision commerciale propre au football moderne avec une pléthore de loges et des escalators comme à Wembley pour arriver à cette tribune...De même, le mémorial consacré aux victimes d'Hillsborough, contrairement à son ancien emplacement, semble un peu perdu dans cette zone “commerciale” du main stand... Question ambiance, la comparaison est un peu difficile à établir car l'assistance (tant au sein de la French Branch que pour l'ensemble des spectateurs…) diverge entre un samedi après-midi (public plus familial et cosmopolite) qu'un mardi soir (où les scousers sont, par nature, largement majoritaires). L'avantage d'un match en semaine est que même au pub, après la rencontre, il est possible de commander une pinte sans avoir à défier une cohue de consommateurs assoiffés... Ce déplacement sur les bords de la Mersey fut enfin l'occasion de vérifier la qualité de la politique merchandising de LFC dans les différentes boutiques du club. On ne peut d’ailleurs qu'être frappé par l'importance pris par le manager Jürgen Klopp, qui supplante largement ses joueurs comme mannequin et inspirateur de produits dérivés (j'ai moi-même cédé à la tentation avec une écharpe “Boom”...). Je n'ai pas le souvenir d'une telle ferveur merchandising autour d'un manager même à l'époque de Benitez ou du retour de Dalglish. Enfin, un signe indéniable du temps qui passe est constitué par le nombre de maillots dénommés « rétro » que j'avais achetés lors de leur sortie et notamment mon premier maillot de Liverpool (le Candy) porté à l'occasion d'un séjour à Oxford en 1991...Il ne reste plus qu'à espérer qu'un futur kit devienne collector, dans quelques annés, à l'occasion d'un 19ème titre de champion...
  4. 2014 : Liverpool file tout droit vers son 19ème titre de champion d'Angleterre si longtemps désiré. Patatras, son capitaine emblématique glisse, laissant Chelsea redonner la main à Manchester City qui ne la lâchera plus... Deux ans plus tard, après différentes démonstrations et retournements de situation épiques, Liverpool dispute deux finales de coupe mais aucun trophée ne viendra compléter en 2016 la pourtant riche collection déjà entreposée sur les bords de la Mersey... Ces deux exemples récents dans l'histoire d'un club, pourtant marqué par la culture de la gagne, composante essentielle de la Liverpool Way, amènent à s'interroger pour savoir si le Liverpool Football Club n'a pas rejoint la cohorte des « perdants magnifiques » capables d'exploits ou de coups d'éclats ponctuels mais invariablement battus dans la dernière ligne droite... Certaines équipes nationales (la Hongrie dans les années 50, les Pays-Bas dans les années 70) ou de clubs (Moengladbach en Allemagne, l'Atletico Madrid en Espagne, l'Inter de Milan en Italie ou Leeds en Angleterre) sont restées dans l'histoire, comme des équipes un temps dominatrices, pratiquant parfois du beau jeu grâce à des individualités exceptionnelles, mais dont l'aventure se termine par la cruelle désillusion d'une défaite tragique en finale de coupe du monde, de coupe d'europe des clubs champions ou lors des dernières journées de championnat alors que la victoire semblait assurer... S'attache souvent un certain romantisme à ces épopées malheureuses, qui sont parfois fêtées comme des victoires à l'instar des Verts de Saint-Etienne descendant les Champs-Elysées au lendemain de leur défaite contre le Bayern Munich en 1976. Ce romantisme se construit, en opposition, à un vainqueur perçu comme un monstre froid et calculateur, gagnant sans brio suivant les principes du maître Mou... Dès lors, quelles sont les caractéristiques permettant d'identifier un « loser magnifique » ? Tout d'abord, c'est une équipe qui a gagné mais qui ne gagne plus (a contrario du cas des « petits poucets » ou des équipes-surprises, qui semblent appartenir à une autre catégorie...). Liverpool fut longtemps considéré, une fois remis sur les rails du succès par Shankly et Paisley, comme cette machine à gagner froide et pragmatique, remportant, de manière quasi-automatique, les principales compétitions dans lesquelles le club était engagé. C'était la période où Paisley pouvait dire presque sans ironie « Moi aussi, j'ai connu les périodes difficiles : Une fois, Liverpool a été deuxième !!! ». Après l'échec initial en finale de C2 contre Dortmund en 1966, il faut se souvenir que Liverpool a remporté successivement toutes ses finales européennes en C1 et C3 des années 70 à 2005, la finale du Heysel devant être traitée à part en raison des circonstances dramatiques qui l'entourent (certains témoignages repris dans la biographie de Platini par J-P Leclaire laissent d'ailleurs à penser que le résultat aurait été « orienté » pour des raisons d'ordre public, certes légitimes au regard du contexte). Il fallut, en effet, attendre la finale de 2007 à Athènes et de 2015 à Séville pour que les Redmen voient leur équipe préférée perdre en finale de C1 et de C3... Désormais, Liverpool semble être condamné à un rôle de Poulidor footballistique, capable certes de panache, de coups d'éclats (la remontée contre Dortmund en étant l'illustration la plus parlante) entraînant une forte ferveur populaire pendant quelques semaines ou plusieurs mois mais s'inclinant invariablement dans le money time. Liverpool n'a, en effet, plus remporté de titres majeurs depuis plus de dix ans et l'ère Bénitez (exception de la coupe de la ligue, compétition désormais secondaire qui regroupe, sur la majorité de l'épreuve, les équipes-réserves des principaux clubs engagés). Le deuxième critère pourrait être le capital de bienveillance, de sympathie que génère une équipe, poussant des commentateurs neutres à espérer sa victoire. Liverpool, de par sa riche histoire composée de succès mais aussi de tragédies, suscite une certaine attente chez des observateurs, à l'instar des journalistes sportifs, attirés par l'intensité émotionnelle se dégageant de ce club. Ainsi, tant qu'en 2014 qu'avec ce début de saison 2016/17, certains commentateurs ne cachent pas que leur préférence de cœur allait ou va aux Reds alors que leur choix de raison amenait à privilégier une autre équipe, en raison notamment de la fragilité réelle du secteur défensif... Evidemment, ces observateurs neutres restent dans le souvenir des fameuses nuits d'Anfield, des remontées fantastiques contre Saint-Etienne, Olympiakos ou Dortmund ou du pass and move des équipes de 1978-79, 1987-88 ou 2013-14, contrastant avec les préceptes du « winning ugly »...Paradoxalement, ce capital sympathie est aussi le signe d'une certaine nostalgie et l'illustration d'un déclin certain pour une équipe. Le dernier critère pourrait résider dans la capacité systématique à faire les mauvais choix notamment à l'occasion des moments-clés. L'exemple le plus parlant semble être constitué par la politique des transferts. A chaque fois que Liverpool s'est cru proche d'atteindre son Graal d'un 19ème titre lors des saisons 2001-02, 2008-09 ou 2013-14, la saison suivante, qui devait permettre de franchir la dernière étape, s'est invariablement soldée par une campagne de transfert désastreuse symbolisée, par exemple, par l'arrivée de Diouf, Aquilini ou Balotelli... Une autre illustration peut résider dans l'échec du club au début des années 1990 à prendre le tournant du foot-business. Liverpool, club dominant des deux dernières décennies, avait pleinement le potentiel, au regard de son histoire et de ses succès, pour être l'acteur majeur de cette économie émergente et prioritairement de son volet merchandising. Malheureusement, c'est le voisin mancunien qui saisit le mieux cette nouvelle opportunité, sur laquelle il put bâtir ses succès sportifs. Au travers de ces quelques critères, le Liverpool actuel appartient incontestablement à cette catégorie des « perdants magnifiques ». Est-ce pourtant une mauvaise nouvelle ? Plutôt que de se réfugier dans la nostalgie de l'âge d'or, du « c'était mieux avant », un perdant magnifique a heureusement vocation, un jour, à quitter ce statut... Les exemples sont nombreux pour les clubs, moins pour les équipes nationales appelées à disputer des compétitions suivant un rythme plus espacé. L'Atletico Madrid, habitué aux soubresauts sous la présidence de Jésus Gil, a réussi à reconquérir la couronne d'Espagne grâce à Diego Simone. L'Inter de Milan, après des années d'échec dans les années 90 et début 2000, est parvenu à remporter plusieurs titres de champion d'affilée et même une ligue des champions sous la férule du maître du « winning ugly ». En revanche, d'autres clubs comme Leeds n'ont jamais réussi à retrouver de leur superbe. Il ne reste plus qu'à espérer que Jürgen Klopp soit en mesure de sortir les Reds de ce statut certes romantique mais anesthésiant, si possible avec la manière, grâce son heavy metal football !!!
  5. L'entre-deux guerres se caractérise pour le Liverpool Football Club par un progressif éloignement des standards d'excellence instaurés par John Houlding ou Tom Watson depuis le début du siècle. Pourtant, les années 20 avaient bien commencé, les deux successeurs de Tom Watson au poste de manager remportant le titre de champion d'angleterre durant leur mandat. David Ashwort, nommé manager en 1919, conduisit ainsi l'équipe à une honorable quatrième place en championnat durant ses deux premières saisons avant de remporter le titre de champion en 1922. De manière un peu abrupte, il démissionna le 23 janvier 1923 afin de rejoindre Oldham Athletic en raison d’un contrat plus lucratif... Comme d'autres après lui, cette décision marqua le début d'une succession de mauvais choix de carrière, qui le conduisirent à finir comme recruteur de jeunes talents à Blackpool… Au regard de l'urgence, son successeur fut issu du sérail en la personne d’un des directeurs du club Matt Mc Queen qui avait déjà joué à tous les postes en tant que joueur, y compris gardien...Le trophée de champion fut néanmoins assuré pour la deuxième année consécutive Les deux managers pouvaient, en effet, s'appuyer sur une équipe particulièrement solide avec le légendaire gardien Elisha Scott, quatre internationaux en défense et l’attaquant Chambers surnommé « le souriant ». Fort de ses 468 matchs disputés sous le maillot des Reds, E. Scott mérite incontestablement l'appellation de légende au regard de sa grande affinité avec les supporters, son langage « fleuri » sur le terrain pouvant choquer même ses défenseurs centraux ou sa rivalité avec le mythique attaquant d'Everton Dixie Dean. La rumeur d'un transfert d'un Scott vieillissant vers Everton avait d’ailleurs failli causer une émeute sur les bords de la Mersey... Couplée à la démission de John Mc Kenna à l'été 1921, Liverpool rentra progressivement dans le rang suite à son double titre de champion (avec au mieux une 4ème place lors des cinq années suivantes) mais surtout rata le coche de l'évolution du rôle du manager vers une plus grande autonomie sportive. En effet, à l'époque, la sélection de l'équipe était partagée entre le manager et le comité des directeurs (dont M. Mc Queen était d’ailleurs issu). L’évolution fut introduite avec succès par H. Chapman à Huddersfield puis à Arsenal. A Liverpool, il a fallu finalement attendre l'arrivée de Shankly en 1959 pour que le manager soit véritablement autonome... Ainsi, quand, en 1928, Matt Mc Queen perdit une jambe dans un accident de voiture, il fut remplacé par le secrétaire du club George Patterson, changement illustrant que le club n’avait pas encore compris l’importance d’un secteur sportif indépendant de l'administratif Le cabinet des trophées resta malheureusement désert durant les 8 ans de règne de Patterson : Liverpool n'atteindra jamais mieux que la 5ème place au classement en championnat et ne dépassa pas le cap du 6ème tour de la coupe d’angleterre. Pourtant, George Patterson pouvait bénéficier de l’aura d’un buteur exceptionnel en la personne de George Hogdson, joueur sud-africain de naissance, qui marqua 232 buts en 359 apparitions. Il remporta le classement des buteurs sept fois en neuf saisons sous les couleurs de Liverpool avec 17 coups du chapeau, record dans l’histoire du club que ses illustres successeurs n’ont pas encore battu…. Patterson reprit sa place de secrétaire quand il laissa la place à George Mc Kay comme manager en 1936. Malgré d’indéniables qualités signalées par Matt Busby le futur entraîneur légendaire de MU, arrivé de Manchester City pour 8.000 £, qui disait de lui « J’ai grandi en admirant George Kay pour la façon dont il a transformé Liverpool. Il réalisa deux des transferts les plus importants de l’histoire du club Paisley et Billy Liddell », il ne put véritablement redresser la situation, Liverpool s’enfonçant dans le ventre mou du championnat tandis que son rival en bleu collectionnait les honneurs…. Puis vint la seconde guerre mondiale : Il fallut alors attendre 7 ans avant de pouvoir disputer le prochain match de championnat… George Mc Kay, handicapé par sa santé et la guerre, démissionna, quant à lui, en janvier 1951 puis malheureusement décéda en 1954.
  6. Version traduite de cet article reprise dans le dernier numéro du fanzine Red All Over The Land (n°225 Mané en couverture) John Pearman a eu l'amabilité de faire figurer le logo de la FB même s'il n'a pas actualisé le pub sur Paris (Rush < Lush). Etant abonné à la version digitale, si quelqu'un avait un exemplaire-papier en trop, acheté lors des matchs contre Leicester ou Hull, je serais preneur !!!
  7. Pour tout fan des Reds, surtout pour ceux qui ne sont pas nés sur les bords de la Mersey, l’amour pour ce club a quelque chose d’indéfinissable. Plus que l’attachement à un joueur ou la référence à un match spécifique, la passion pour les Reds relève de ce « supplément d’âme » procuré par ce club à part, que certains pourraient être tentés de résumer par la mythique « Liverpool Way », c’est-à-dire une culture de la victoire combinée à une éthique reposant sur la sainte trinité instaurée par Bill Shankly entre le manager, les supporters et les joueurs. Derrière cette image d’Epinal, rebattue par le club à des fins essentiellement mercantiles, on peut toutefois s’interroger si cette spécificité a su résister à l’impitoyable rouleau-compresseur d’un football moderne s'appuyant sur l’argent et les médias. Liverpool a-t-il été en mesure de conserver son caractère spécial, sa « Liverpool Way », justifiant l’amour déraisonné de ses fans ? Force est de constater que de nombreux paramètres qui faisaient l’attrait de ce club ont progressivement dépéri au fil des années : Tout d'abord, sur un plan strictement sportif, il est indéniable que Liverpool est rentré dans le rang, peinant à atteindre régulièrement le Big Four en Angleterre, synonyme d’accès à la ligue des champions, et perdant de sa superbe sur la scène européenne alors que la singularité du Liverpool Football Club s’est prioritairement bâtie sur ses nombreux succès sur les terrains anglais ou européens. Par ailleurs, en terme de gouvernance, le rôle des dirigeants ou des responsables administratifs consistait à ne pas en avoir ou du moins, comme le résumait Shankly, à simplement signer les chèques...La famille Moores, longtemps propriétaire du club, s'appuyait ainsi sur des hommes de confiance, eux aussi inconnus du grand public, comme le président du club dans les années 70 et 80 John Smith ou son secrétaire Peter Robinson pour assurer la gestion du club. Comme le résumait John Smith, « nous sommes un club modeste. Nous ne parlons pas. Nous nous ne vantons pas mais sommes très professionnels. ». Dans le championnat ultra-scénarisé qu’est devenu la Premier League, le propriétaire, qu'il soit américain, russe, qatari ou désormais chinois, est devenu un acteur à part entière du système à coup de millions ou d'interventions dans les médias...Liverpool en a connu la triste illustration avec la pantalonnade qu’a constitué la présidence Hicks-Gillett suite au retrait de la famille Moores : disputes sur la place publique entre propriétaires, dirigeants et le manager, insultes par courriel du fils d'un des présidents, alors directeur, à un fan…Heureusement, les nouveaux propriétaires bostoniens semblent revenus à un peu plus de normalité, étant d’ailleurs plus présents sur les réseaux sociaux que dans le stade… Ce que de nombreux fans appréciaient également à Liverpool résidait dans la stabilité du management. La Liverpool Way puisait sa source dans cette capacité à s'inscrire dans une lignée, symbolisée par le fameux « Boot Room, où, à l’instar de Bob Paisley, un ancien joueur pouvait devenir tour à tour entraîneur de la réserve, préparateur physique, assistant puis manager, directeur et vice-président du club… Désormais, Liverpool congédie ses entraîneurs comme n'importe quel autre club : Quatre managers se sont succédé en six ans depuis le départ de Rafael Benitez. Les licenciements (alors que Liverpool avait la réputation de ne jamais virer ses entraîneurs) peuvent intervenir même en milieu de saison (Hogdson, Rodgers) ou toucher une figure emblématique du club (Dalglish). Bien évidemment, le style de jeu et l’importance du collectif s’en ressentent, évoluant au gré des changements trop rapides intervenus sur le banc de touche. Liverpool était aussi apprécié par la qualité et l'intelligence de son recrutement, qu’incarnait son plus fameux scout Geoff Twentyman, qui fut, à l’origine, des arrivées de Hansen, Rush, Keegan Clemence, Neal, Heighway ou Nicol à des prix défiant toute concurrence. Liverpool avait certes, à l’époque, le pouvoir financier mais s’était surtout doté d’un système de scouting ultra-performant, visant à s'assurer, en amont, que le joueur convoité disposait de la bonne attitude pour intégrer les standards de la Liverpool Way. Quel contraste avec la période actuelle où les campagnes de transferts se soldent par des investissements faramineux voire indécents et souvent accompagnés d'échecs retentissants depuis vingt ans (Phil Babb, Dundee, Diouf, Aquilani, J. Cole, A. Carroll, M. Balotelli, C. Benteke...) !!! Liverpool ne semble plus en mesure de dénicher les pépites avant les autres et est donc contraint de les acheter au prix fort (Sadio Mané par exemple) avec le risque financier occasionné en cas de performances décevantes. De plus, conformément au modèle de l'ère post-Bosman, les joueurs passent de plus en plus vite dans un club entraînant pratiquement à chaque saison le renouvellement du tiers ou de la moitié de l’équipe alors que la stabilité est souvent un gage de réussite…Il devient difficile au supporter de s’identifier à des joueurs cosmopolites voire mercenaires, qui auront peut-être déjà quitté le club avant que le flocage du maillot ne soit sec…A contrario, d’autres joueurs jugent plus confortables de rester un an ou deux sur le banc pour des raisons salariales à moins que le club ne consente de les payer pour jouer pour une autre équipe… Les grandes équipes de Liverpool s’inscrivaient quant à elles dans la continuité, le manager modifiant à la marge son effectif, année après année, pour le bonifier ou anticiper le déclin de certains de ses joueurs-cadres et permettre la bascule vers une autre équipe-type, comme ont pu le faire Shankly au début des années 70 ou Dalglish au milieu des années 80. Même ces périodes de transition ne donnaient pas l’impression d’un bouleversement permanent mais reflétaient plutôt un cycle de vie footballistique qui s’achevait pour permettre l’éclosion de nouveaux talents... Sans nul doute, l’attirance pour Liverpool était aussi justifiée par l’aura et la ferveur de ses supporters. Dans les années 90, à la sortie de son exil européen, les fans du PSG avaient pu accueillir pour une demi-finale de C2 les supporters de Liverpool avec une banderole « Welcome to the legendary fans »…Outre la légende de son Kop et de ses fabuleuses nuits européennes, la renommée des supporters de Liverpool était bâtie sur une grande connaissance du jeu et une sportivité exemplaire, poussant à encourager bruyamment son équipe mais aussi à reconnaître et parfois saluer la valeur de l’adversaire… Sempiternel débat autour de la dégradation de l’ambiance, il n’est pas rare désormais d’être confronté à une relative apathie lors d’un match à Anfield, où certains spectateurs se comportent plus comme des consommateurs d’un spectacle venant se faire photographier dans le stade en attendant la victoire et des buts, parés de leur maillot et de leur écharpe « mixte » comme souvenirs, que comme de véritables supporters, encourageant leur équipe. Phénomène général à la Premier League, la génération « skysport » conduit à des comportements stéréotypés où le temps n’est plus donné à l’apprentissage des valeurs, comme le témoigne d’ailleurs l’affaiblissement de la qualité des chants en hommage à des nouveaux joueurs qui peuvent s’attendre au mieux à un « There’s only one… ». Le bilan dressé n’est pas spécialement encourageant, Liverpool semblant s’être banalisé dans le moule du football moderne. Pouvait-il en être autrement avec la domination absolue de l’argent et des médias dans le spectacle qu’est devenu le football professionnel ? Comment le modèle de la Liverpool Way pouvait résister à la mondialisation des acteurs sur et en dehors du terrain, dont les comportements sont soumis aux diktats des télévisions et à l'influence des réseaux sociaux ? Pourtant, différents signes laissent à penser que cette flamme fragile peut mériter de continuer à être entretenue : La dévotion que continue de susciter le club, malgré des résultats sportifs parfois décevants, sur les quatre coins de la planète : On parle évidemment là de réels supporters, se levant au milieu de la nuit pour regarder de matchs ou prêts à faire une journée de transport pour assister à une rencontre improbable en Europe ou dans un stade de D2 anglaise…Ayant la chance de voyager régulièrement, il n’est pas rare de se faire alpaguer, à la vue d’un Liverbird, par un indien ou un birman pour discuter des derniers résultats de Liverpool… L’histoire de ce club et notamment les tragédies qu’il a connues ne peuvent qu’inspirer et susciter des comportements exemplaires, qui ont pu conduire à renverser des montagnes comme dans le verdict concernant Hillsborough, Une gouvernance nouvelle qui, même si elle s’inscrit dans l’inévitable gigantesque marketing qu’est devenue la Premier League, où tout s’achète (du club, des joueurs aux sièges du stade…) et se vend, réussit quand même à garantir, au fil des années, une gestion relativement saine et à enfin permettre l’agrandissement du stade, Un manager qui, par la passion qu’il transmet, semble correspondre aux préceptes de la Liverpool Way comme a pu le symboliser la campagne européenne de 2016 et notamment l’incroyable come-back contre Dortmund à Anfield. Il lui restera à s’inscrire dans la durée et s’appuyer sur un groupe de joueurs pouvant prendre le relais des Carragher, Hyppia ou Gerrard dans le cœur des fans. C'est donc au Normal One qu'il revient de conserver à ce club son caractère spécial et de continuer à entretenir la passion pour le Liverpool Football Club qu'il est, malgré tous ses défauts, bien difficile de ne pas aimer et supporter…
  8. A l’heure où les joueurs commencent à reprendre l’entraînement et les matchs amicaux pour la nouvelle saison 2016/17, un bilan « à froid » de la saison dernière, dépassant le goût amer laissé par la défaite à Bâle en finale d’Europa League, s’impose. Comme souvent, il s’agira de distinguer le cœur de la tête, les sentiments de la raison… En effet, sur un strict plan comptable, la saison 2015/16 n’a pas été très bonne malgré deux finales de coupe. Elle s’inscrit dans les standards des saisons post-Benitez (à l’exception évidemment de la saison dans tous les sens du terme « extra-ordinaire » de 2013/14 portée par un « Pistolero » de feu) : - Liverpool n’est plus en mesure de jouer non pas pour le titre mais simplement pour les quatre premières places, donnant accès à la ligue des champions, les Reds n’ayant jamais été dans la course pour l’accès à ces places. On peut même se demander, avec la montée en puissance d’équipes comme Tottenham ou annuellement d’une équipe-surprise (dont Leicester fut l’incarnation emblématique en 2016) si l’objectif d’un top 6 n’est pas devenu trop ambitieux pour les Reds face à la concurrence de l’historique big four élargi à des équipes, chaque année, plus riches et ambitieuses… - En termes de points, la saison 2015/16 est mathématiquement moins bonne que la précédente avec 60 points contre 62 en 2014/15, entraînant aussi la perte de deux places dans le classement final (8ème contre 6ème). Cette saison peut seulement se caractériser par quelques « éclairs » (les victoires contre Manchester City, la victoire à Chelsea ou la victoire à domicile contre le futur champion Leicester à Noël) pour égayer un championnat bien long, marqué par l’inconstance et les nombreuses déconvenues… - Le plus inquiétant réside dans la persistance des maux affectant l’équipe depuis plusieurs saisons : o Un gardien talentueux sur sa ligne mais incapable de commander sa défense, qui a néanmoins la chance de ne pas souffrir d’une réelle concurrence à son poste, ses remplaçants potentiels n’ayant clairement pas le niveau de la Premier League, o Une défense centrale chaotique avec 50 buts encaissés contre 48 l’année dernière et 50 en 2014 (avec toutefois, à l’époque, 101 buts marqués contre 63 cette année), sans véritable charnière indiscutable, comme ont pu l’être, dans le passé, Hansen-Lawrenson ou Hyppia-Carragher, avec des baisses de forme ou des « faits divers » affectant, à tour de rôle, les défenseurs centraux soit-disant « titulaires ». Cette situation devint si paradoxale que la charnière, que tous les supporters redoutaient au début de la saison (Lovren-Touré), fut celle titulaire lors de la finale d’Europa League... o Des milieux défensifs au profil similaire sans véritable « récupérateur », ratisseur de ballons à « la Mascherano », o Des joueurs offensifs, capables certes de fulgurance, mais souvent par intermittence, sans pouvoir être en mesure d’inscrire des prestations de haut niveau dans la durée, o L’absence d’un top scorer, dépassant les vingts buts par saison alors que Liverpool, en 2013/14, disposait des deux meilleurs buteurs du championnat d’angleterre… o Les erreurs récurrentes de recrutement, sujet connu et déjà traité avec un avant-centre, par exemple, recruté à prix d’or pour faire rapidement banquette… o L’absence d’un style de jeu clairement défini, que la succession des managers depuis le licenciement de Benitez n’a évidemment pas contribué à mettre en place. Et pourtant, cette saison restera, pour une majorité des supporters des Reds, comme celle de l’espoir : - Il y eut évidemment deux finales de coupe avec des matchs qualificatifs épiques surtout en Europa League (le légendaire come-back contre Dortmund, l’élimination du rival historique Manchester United pour leur première confrontation en Europe, la demi-finale retour contre Villareal suite au verdict sur Hillsborough) mais aussi en coupe de la ligue avec la démolition de Southampton sur sa pelouse 6 buts à 1 ; - On sait malheureusement que l’accession à deux finales (même remportée pour l’une d’entre elle), outre le nombre de matchs qu’elle entraîne, n’est pas forcément suffisante aux yeux de nos propriétaires américains pour qu’un manager conserve son poste à Liverpool en cas de championnat décevant (cf. le licenciement du King Kenny en 2012). Et pourtant l’espoir est revenu et s’est personnifié en la personne du nouveau manager Jürgen Klopp, qui a pris ses fonctions seulement en octobre 2015 suite au licenciement de Brendan Rodgers, qui ne semblait, dès le début de la saison, que susciter au mieux de l’apathie mais plutôt de la résignation voire de la colère chez une très large majorité des supporters des Reds … Comment ce miracle est intervenu alors que le nouveau manager n’avait pas participé à l’avant-saison ni souhaité recruter ses propres joueurs lors du mercato d’hiver ? Sur n’importe quel point du globe (même au fin fond du sud de la Birmanie où l’occasion me fut donnée, en début d'année, de croiser un fan anglophone des Reds), les supporters de Liverpool ont la ferme croyance que leur club est entre de bonnes mains et ne disent que du bien du théoricien allemand du « heavy metal football » : - Il peut certes s’appuyer sur un palmarès étoffé, se distinguant de celui de ses prédécesseurs, bâti progressivement à Mainz puis Dortmund, - Ses choix tactiques, basés sur le pressing et l'intensité physique, ne peuvent laisser, non plus, indifférents les amateurs de football offensif, - Mais c'est, avant tout, l'émotion qu'il exprime sur le bord du terrain et communique à l'ensemble des joueurs et, par ricochet, aux supporters qui est remarquable : Quel contraste avec un Roy Hodgson, par exemple, qui semblait aussi peu se soucier de ce qui se passait sur le terrain qu'une vache regardant passer un train lors de son court (et trop long…) séjour sur les bords de la Mersey... Pour prendre une comparaison avec le monde de l'économie, Jürgen Klopp semble être un générateur de « goodwill », c'est-à-dire d'une richesse supérieure à la valeur individuelle de chaque joueur de l'équipe, grâce à l’enthousiasme et la volonté distillés, qui irriguent et dynamisent le collectif. Reste évidemment à confirmer ce « feelgood factor » par les résultats d'une équipe, qu'il commence à préparer et modeler, pour la saison 2016/2017, suivant ses préceptes avec le soutien indéfectible du peuple rouge.
  9. Alors que Liverpool pleure son fondateur, John Houlding, pour lequel même les joueurs d’Everton portèrent un brassard noir, les supporters des Reds purent légitimement s’interroger sur l’avenir de leur club sans son fondateur charismatique. Les années suivantes furent, en effet, assez chaotiques alternant le bon et le moins bon… Après son titre de champion, Liverpool fut handicapé par l’introduction d’un « salary cap » avec la limitation du salaire hebdomadaire du footballeur à 4 £ alors que les joueurs de l’équipe championne de 1901 émargeaient en moyenne à 7 £ avec des possibilités de bonus en cas de victoires, conduisant à un certain nombre de départs et une dégradation des résultats avec une onzième place (le quintuplé d’Andy Mc Guigan contre une équipe de Stoke, certes amoindrie par une intoxication alimentaire limitant le nombre de joueurs présents sur le terrain, constituant un des faits marquants de la saison…) puis une cinquième place et, enfin, une relégation, en partie due au bannissement de trois joueurs de Liverpool à qui Portsmouth avait proposé des avantages financiers pour les faire signer. Cette descente permit néanmoins de donner un nouvel élan au club qui remporta successivement deux titres de champion en seconde division en 1905 avec 93 buts et 3 défaites en 34 matchs puis surtout en 1ère division, dès l’année suivante, avec une équipe s’appuyant sur le gardien Sam Hardy et des joueurs offensifs tels que Raybould, Hewitt, Goddard ou Cox. 1906 fut une année faste sur les bords de la Mersey avec la victoire de Liverpool en championnat et d’Everton en Cup (après avoir éliminé LFC en demie 2-0). Liverpool remporta même un « triplé » avec la coupe Senior et le Dewar shield, ancêtre du charity shield avec un trophée d’une hauteur d’1 m 50… Opposé au principe de limitation des salaires, qui, pour John Mc Kenna, le président du club, constituait une prime à la sédentarité, incitant les joueurs à ne plus quitter leur région d’origine voire à changer de métier, Liverpool, comme d’autres clubs, avait, en effet, mis en place des « astuces » pour contourner cette règle et conserver ses meilleurs éléments : Ainsi, Alex Raisbeck devint inspecteur des facteurs, chargé de contrôler les panneaux d’affichage autour du terrain.... Ce fut aussi la première fois que les journaux commencèrent à parler d’un championnat gagné avec la « Liverpool Way » : Pas forcément composée d’individualités hyper-brillantes, c’est collectivement que l’équipe de Liverpool fut supérieure à ses opposants. Parallèlement, le club élargit son actionnariat avec la mise en vente en 1906 de 15.000 parts à 1£ (à titre d’anecdote, en 1914, un quart des actionnaires appartenait à la police locale). L’expression de Kop naquit également en 1906 même si l’appellation était déjà utilisée par Woolwich Arsenal dès 1904. Cette époque fut aussi le témoin des premières manifestations du hooliganisme, s’adressant cependant prioritairement aux joueurs et officiels de l’équipe adverse, en cas de décisions litigieuses, plutôt qu’à leurs supporters. Après ce sursaut qui avait vu le club remporter deux championnats, Liverpool s’enfonça progressivement dans le ventre mou du championnat ponctué d’une deuxième place mais également de luttes contre la relégation. Cette période grise vira au noir au moment du début de la première guerre mondiale avec une série d’événements malheureux pour le club : - La première finale de Cup perdue contre Burnley 1-0 à la surprise générale en 1914 ; - Le scandale d’un match truqué contre Manchester United le 2 avril 1915 avec une défaite 2-0 suite à l’arrangement entre quatre joueurs de chaque équipe (alors que le 1er match à Old Trafford en 1910 avait vu une victoire des Reds 4 à 3) ; - La disparition de Tom Watson, son manager emblématique, le 5 mai 1915 d’une pneumonie : En 19 ans de service, il fut le manager de Liverpool ayant officié le plus longtemps sur les bancs de la Mersey remportant 2 championnats et participant à une finale de coupe. Jusqu’à la fin de la 1ère guerre mondiale, Liverpool évolua ainsi dans la ligue du Lancashire sans véritable manager...Bien évidemment, le football n’était plus une priorité dans cette époque dramatique, mobilisant les jeunesses d’Europe.
  10. A l’annonce du transfert de Sadio Mané, le refrain d’une vieille chanson d’Aerosmith résonne dans ma tête « It’s the same old story » : LFC consacre une grande partie de son budget recrutement à un bon joueur, certes explosif contre les Reds au St Mary Stadium (j’y étais…) mais manifestement « surcôté » par rapport au montant de l’indemnité de transfert annoncée à hauteur de 40 M€, ce qui en ferait le transfert le plus cher de l’histoire du club détrônant l’inoubliable Andy Carroll de son piédestal, Il est à craindre que S. Mané rejoigne la longue liste des transferts onéreux de joueurs surpayés par rapport à leur valeur réelle (Lallana ou Lovren en 2014, Benteke ou Firmino en 2015)… Quid de la théorie du Moneyball, qui aurait plutôt conduit à ce que Liverpool achète Mané à Salzbourg pour 10 M€ avant d’envisager une revente avec une plus-value significative ? D’un autre côté, l’exemple de Southampton montre que le Moneyball peut fonctionner si on trouve un « bon client » à qui revendre ses « pépites »… Nos propriétaires bostoniens n’auraient-ils pas mieux fait de directement racheter Southampton, au regard des indemnités de transfert versées à ce sympathique club du sud de l’Angleterre depuis deux ans ? Avec une telle indemnité de transfert, ne contribuons-nous pas à renforcer un concurrent direct du top 6 ou 8 ? Il est à craindre, une nouvelle fois, que la politique de transfert de Liverpool suscite au mieux de l'ironie chez les médias et les fans adverses et du désespoir voire de la colère chez les fans des Reds, confirmant le triste constat, effectué par un autre allemand cher au cœur des Redmen Didi Hamman, que la Premier League est devenue une « arnaque »... Bien évidemment, je souhaite de tout mon cœur me tromper et continue à croire en notre manager même si les pilules deviennent, chaque été, plus difficiles à avaler…
  11. A l'heure où se termine la riche saison 2015-16, vient naturellement le temps des bilans notamment en terme de déplacements effectués. J'ai eu la chance, pour ma part, de voir huit fois jouer Liverpool cette saison, essentiellement en Europa League avec six aways et deux rencontres à Anfield. Le bilan comptable n'est pas positif avec seulement une victoire, cinq nuls et deux défaites. Il doit être évidemment nuancé par le fait que six matchs se déroulaient à l'extérieur et que certains nuls à en Europa League à Old Trafford ou Dortmund avaient presque le goût de la victoire.... Comment caractériser ces huit déplacements ? Le meilleur souvenir fut incontestablement la demi-finale retour en EL contre Villareal à Anfield. Plus que contre des « gros calibres » en championnat, j'avais pleinement l'impression de faire partie de la sainte trinité décrite par Shankly composée du manager, des joueurs et des supporters, qui ont pleinement assumé le rôle du 12ème homme, en plein cœur du Kop, dès le coup d'envoi. Tout y était tant en terme d'émotion, liée au récent verdict sur Hillsborough, que d'intensité et de ferveur tant sur le terrain que dans les tribunes. Au bout d'un quart d'heure, mon déplacement express (reprenant le 1er vol pour Paris de Manchester le lendemain matin) était « rentabilisé » quelque fut le résultat final de la rencontre... Quelle atmosphère cette nuit-là, n'osant pas imaginer ce qu'ont vécu ceux qui ont eu le privilège d'assister au retentissant « come-back » contre le Borussia Dortmund... Deux autres bonnes surprises caractérisèrent cette saison. Tout d'abord, mon premier away en championnat à Southampton reste un très bon souvenir malgré le scénario défavorable sur le terrain pour les Reds, qui, menant 2-0 à la mi-temps, perdirent la rencontre 3-2. Une bonne ambiance tant en tribune, où les supporters se chambrèrent avec respect au regard de l'évolution du score, qu'à l'extérieur du stade, proche du centre-ville, régna tout le long de ce véritable dimanche de foot anglais... Autre bonne surprise fut la réception à Anfield du Newcastle de Rafa Benitez. Fort des bonnes ambiances connues dans les parcages away, je pensais retrouver la relative apathie qui caractérise Anfield depuis quelques années. J'avais eu le plaisir d'assister les deux saisons précédentes à des matchs forts en émotion (la défaite contre Chelsea en 2014 nous privant d'un titre de champion d'Angleterre si désiré et la victoire contre Manchester City en 2015 avec un « screamer » de Coutinho qui fut sûrement le meilleur match à domicile de la dernière saison pleine de l'ère Rodgers) et craignais de ne pas retrouver une telle ambiance pour la réception d'un relégable, luttant pour son maintien, même coaché par une vieille connaissance espagnole... Force est de constater que, posté en haut du Kop, d'où les lanceurs de chants se situent, l'ambiance fut au rendez-vous, même s'il peut paraître en-deça de celle fantasmée par ceux qui se réfèrent au Kop des années 60-70. Les chants s'enchaînèrent, saluant anciens entraîneur ou joueur (Jonjo Shelvey) et personne ne partit avant la fin du match malgré le scénario, une nouvelle fois frustrant, d'un nul après avoir mené 2-0... Ce déplacement à Anfield fut l'occasion aussi de constater une chose extraordinaire pour un supporter désormais un peu blanchi sous le harnais : Les travaux d'agrandissement du stade, évoqués depuis la présidence Moores-Parry, ont enfin débuté !!! C'est évidemment un point à mettre à l'actif de nos propriétaires bostoniens même si les travaux privent des repères habituels constitués par la Shankly Gate ou le mémorial d'Hillsborough... Sur un plan plus touristique, ce déplacement m'a permis de terminer (au bout de 17 ans, il est vrai...) ma découverte de Liverpool avec le quartier autour de Sefton Park qui comporte quelques attractions méritant le coup d'oeil comme la Sudley House, maison de riches commerçants-philantropes du Liverpool du XIXème siècle, ou la palmeraie ainsi que la très animée Lane Hall, regorgeant de restos et de pubs...La visite fut enfin complétée d'un déplacement à Ellsmere Port, surtout célèbre pour son musée consacré aux narrow boats. Deux déplacements se caractérisèrent plus par le sentiment qu' « il n'y a pas que le football dans la vie… » : Le spectacle tant sur le terrain que l’ambiance dans les tribunes au cœur de l’hiver fut relativement morne à Sion ou Augsburg. En revanche, quel plaisir de visiter les châteaux de Bavière sous la neige ou de déguster une bonne fondue en Suisse, même si le coût de la vie reste prohibitif pour un étranger… A Dortmund, l’impression fut inverse avec une ville dont les attraits se résument au football et au fameux « mur jaune » tant voire trop attendu et redouté qu’il déçoit, au final, un peu, même si l’état d’esprit entre les supporters des deux équipes fut véritablement exemplaire avant, pendant et après le match. La Ruhr n’est évidemment pas une destination touristique de premier choix, nécessitant de se déplacer vers Cologne et sa cathédrale ou Francfort et ses musées pour satisfaire sa soif de découverte de richesses architecturales ou culturelles... Les deux déceptions furent paradoxalement les déplacements a priori les plus alléchants : le 1/8 retour à Old Trafford et la finale à Bâle. L’ambiance dans le parcage away à Manchester était naturellement incandescente mais la rivalité exacerbée entre les supporters des deux clubs (tensions à l’entrée et à la sortie du stade, bagarres pendant le match) réserva un arrière-goût amer à cette rencontre malgré la qualification chez le rival historique… La finale à Bâle contre Séville connut elle aussi quelques échaffourées causées par l’achat de billets dans les parties « neutres » par les scousers conduisant à des rapprochements inappropriés avec les supporters sévillans, mais c’est surtout la relative apathie du travelling Kop, occupant pourtant près des ¾ du stade, qui m’a laissé une impression mitigée. Il n’y eut jamais cette sensation de pouvoir influer sur le déroulement de la rencontre même si le but de Sturridge fut célébré voire sur-célébré avec vigueur, les supporters semblant n’avoir plus d’énergie à communiquer à leur équipe au moment où celle-ci en avait pourtant bien besoin au début de la seconde mi-temps…Il est aussi curieux de voir un certain nombre de supporters ayant fait un long déplacement quitter le stade avant la fin du match pour pouvoir rejoindre plus facilement leur car Thomas Cook… Le fait d’entendre enfin les supporters sévillans chanter leur joie à l’aéroport de Bâle-Mulhouse une grande partie de la nuit n’a pas contribué à la totale réussite de la soirée… En conclusion, qu’est ce qui fait qu’une rencontre reste mémorable dans l’esprit des supporters ? Plusieurs paramètres peuvent être invoqués : La qualité de l’adversaire, L’enjeu de la rencontre, L’ambiance constituée par les supporters des deux équipes, Le scénario du match, Et vraisemblablement l’issue positive pour le club qu’on supporte… A ce titre, il sera intéressant de voir si le match retour contre Dortmund bénéficiera de la même aura que le Saint-Etienne de 1977 ou les Olympiakos ou Chelsea de 2005 sachant que les Reds n’ont pu malheureusement aller au bout de la compétition…
  12. Pour rappel, ces chroniques « historiques » sont inspirées de deux sources principales : - The Official Liverpool FC Illustrated History de J. ANDERSON et S. DONE traduit par nos amis des Swiss Liverbirds, - Red Men de John WILLIAMS dont la qualité de l’ouvrage est identifiable dès la dédicace en hommage aux 135 victimes de Hillsborough et du Heysel. Paradoxalement, pour une ville, qui semble « respirer » le foot au cours du XXème siècle (antidote à la dépression économique des années 20 ou du thatchérisme des années 70/80, redécouverte de la fierté locale et du sens de la communauté après-guerre), le football a émergé tardivement à Liverpool au XIXème siècle en raison notamment de : L’influence du rugby, Des conditions sociales défavorables aux dockers, qui ne gagnèrent leur droit au samedi après-midi qu’à compter de 1890. Cela n’empêcha pas néanmoins certains « scousers » d’être rapidement à la pointe du progrès en matière de football. Un ingénieur de Liverpool J. Brodie inventa ainsi en 1891 le goal-net, dispositif servant à valider ou non un but. Dans la même veine, Everton fut le premier club à publier un programme de match et à se doter de filets de buts. Le football se développa progressivement dans la Meyserside grâce à l’influence de la religion, les « hommes de Dieu » voyant le moyen d’occuper « sainement » leurs paroissiens durant leur période de repos et de les distraire de la tentation de fréquenter les pubs... Everton, crée en 1878, s’inscrit ainsi dans la filiation de la St Domingo’s New connexion Methodist Chapel, qui comptait un certain nombre de stricts méthodistes, militants anti-alcooliques. Le club était pourtant présidé par un politicien conservateur et orangiste et également président de l’association des brasseurs de Liverpool, John Houlding, qui aura une certaine influence sur la création du Liverpool FC… John Houlding, né en 1833 d'un père éleveur de bétail ruiné par la peste bovine, quitta l'école à 11 ans et fit tous les métiers dans des conditions souvent très difficiles. En 1854, il s'engagea dans une brasserie locale (Houlding's Everton Beacon Ale) et gravit tous les échelons jusqu'à connaître le succès en achetant une brasserie et des pubs. Il devint, par la suite, lord maire de la ville. Excellent nageur, il manifesta, durant toute sa vie, un fort intérêt pour le sport et notamment le football. Il fut également un grand philantrope et contribua à récolter des fonds pour les hôpitaux locaux. Son intérêt pour le football n’était cependant pas totalement désintéressé. Ses opposants l’accusèrent rapidement, outre son management autocratique, d'utiliser le football pour promouvoir son propre commerce de boissons : son pub à Walton breck Road servait, en effet, de vestiaire aux joueurs tandis que sa bière constituait la seule boisson alcoolisée autorisée dans le stade… Les dissensions furent telles que la proposition de Houlding de transformer le club en société et de lui acheter Anfield, dont il était propriétaire, conduisit à la scission le 12 mars 1892 avec le départ de 279 evertoniens et de toute l'équipe première à part 3 joueurs (A. Hannah, P. Gordon et D. Mc Lean). C’est ainsi que, pour occuper Anfield, naquit le 15 mars 1892 le Football Club Liverpool (LFC), qui adopta le nom de Liverpool Football Club and Athletic Grounds Compagny Limited, pour éviter toute confusion avec la principale union de rugby de la ville. John Houlding, pour porter sur ses fonds baptismaux le club, put s’appuyer sur deux lieutenants fidèles : William Barclay, directeur administratif, et surtout John Mc Kenna, en charge du sportif, qui demeura au club jusqu'en 1922 goûtant à deux mandats de président (il fut également élu en 1910 président de la ligue de football, mandat qu’il occupa pendant 26 ans, où sa réputation d'intégrité lui valut le surnom d’ « Honest John »). Le Board du LFC est alors dominé par les conservateurs, les protestants unionists et les francs-maçons (17 sur les 46 actionnaires originaux, 15 sur les 23 directeurs durant la période 1892-1914). Les débuts sportifs furent difficiles, Everton bloquant l'adhésion du Liverpool Football Club à la football league, contraignant les futurs Reds à évoluer dans la ligue du Lancashire...John Mc Kenna fit venir d'Ecosse l’équipe des Macs (dix écossais en tout) dont l’ailier droit Tow Wyllie qui fut vraisemblablement le premier professionnel à LFC. Le 1er septembre 1892, LFC, en bleu et blanc, accueille pour un match amical le champion de la league du Midlands Rothertham Town pour ce qui fut le 1er match à Anfield ponctué par une victoire 7-1 !! La première “compo” des Reds fut : Ross Hannah Mc Lean Kelso McQue Mc Bride Wyllie Smith Miller Mc Vean Kelvin. Le 8 septembre eut lieu le match d'ouverture de la ligue de Lancashire contre Higher Walton avec une victoire 8-0 devant 200 spectateurs…LFC survola la ligue du Lancashire avec 17 victoires en 22 matches. S’appuyant sur ce succès et sur le passage de la 1ère division à 16 clubs, LFC finit par intégrer la ligue de football en 1893 en seconde division. Les joueurs réalisèrent une superbe saison, restant invaincus (exploit que même l'équipe du grand Bob Paisley ne put reproduire) avec 6 nuls et surtout 22 victoires et 77 buts contre 18 encaissés. Liverpool remporta le play-off contre Newton Heath, club qui allait bientôt être rebaptisé Manchester United… Le 1er match entre Liverpool et Everton eut lieu le 22 avril 1893 à l'occasion de la finale de la coupe Senior de Liverpool et se termina par une victoire 1-0 des Reds avec déjà un manque de sportivité de la part des Toffees (qui font jouer des réservistes et contestent l’arbitrage sur une occasion de dernière minute)… Malheureusement, l'apprentissage de la 1ère division fut douloureux avec une redescente immédiate avec seulement 7 victoires en 30 matchs et un play-off perdu contre Bury. Le 1er derby se tint à Goodison en octobre 1894 devant 44.000 spectateurs avec une victoire des Blues 3-0 (match nul 2-2 au retour). Abonné à l'ascenseur, Liverpool fut, à nouveau, champion de 2ème division en 1896 avec 106 buts marqués dont une correction 10-1 contre Rothertham le 18 février 1896...L’équipe bénéficiait du renfort de George Allan 1er international écossais et de Francis Becton déjà international anglais Pour éviter de reproduire le scénario de 1894, le board de Liverpool prit la décision de recruter un entraîneur expérimenté en la personne de Tom Watson, déjà trois fois champion avec Sunderland en 1892,1893 et 1895. Il put s’appuyer notamment sur un défenseur extraordinaire, l’international écossais Alex Raisbeck, renommé pour ses tacles et sa résistance, qui fit 340 apparitions sous le maillot de Liverpool, qu’il quitta en 1909 (il retrouvera Anfield en 1938 comme recruteur de jeunes talents après être passé par Bristol City, Halifax ou Chester). Les résultats furent immédiats avec une 5ème place en championnat et une demi-finale de coupe d’angleterre contre Aston Villa. Second du championnat en 1898-99, Tom Watson conduisit les Reds, dont le maillot devient rouge à compter de 1899, à leur 1er titre de champion lors de la saison 1900-1901 avec 19 victoires, 7 nuls et 8 défaites. Moins d'une décennie après sa création, LFC atteignait le sommet du football anglais, en grande partie, grâce à un homme, John Houlding, qui s’éteignit dans un hôtel à Nice le 17 mars 1902. Ce sont les joueurs du Liverpool Football Club qui portèrent son cercueil jusqu’à sa dernière demeure…
  13. Profitant d'une année sabbatique, le futur entraîneur du Bayern Munich, qui poursuivra ainsi après Parme, la Juve, le Milan AC, Chelsea, PSG et le Real Madrid, sa découverte des principaux championnats européens, livre dans Mes secrets d'entraîneur quelques conseils très opérationnels à de futurs confrères et en profite aussi pour revenir sur les principaux matchs ayant marqué sa riche carrière d’entraîneur. Sans grande surprise, la double confrontation en finale de ligue des champions entre son Milan AC et le Liverpool de Benitez et, plus particulièrement l'incroyable défaite d’Istanbul, tient une place particulière dans son analyse. Concernant la finale de 2005, Ancelotti avait analysé les qualités du système tactique en 4-4-1-1 mis en place par Benitez, qu'il jugeait, avant tout, prudent : - Liverpool n’avait pas encaissé de buts durant les derniers matchs (à l'exception du but de la Juve en quart à Anfield), - Liverpool n’avait jamais perdu par deux buts d’écart. Pourtant, cette tactique « défensive » a volé en éclats dès la 1ère minute, entraînant la dégradation continuelle de la solidité défensive du milieu de terrain des Reds, dont les joueurs offensifs du Milan AC ont pleinement profité en 1ère mi-temps. Pour lui, à l’instar d’une majorité des observateurs, le remplacement de Finnan par Hamann à la mi-temps eut un fort impact sur le déroulement du match en favorisant le passage à un 3-5-2, qui a modifié le rapport de force au milieu de terrain avec une plus grande liberté accordée pour les insertions de Gerrard et le blocage des latéraux du Milan (Cafu et Maldini) grâce à la position avancée de Smicer et Riise. Le but de Gerrard symbolise la difficulté rencontrée dans la couverture des couloirs par le Milan AC avec l’incursion des latéraux dans l’espace libre laissé par le capitaine des Reds. Le milieu de terrain milanais rencontra, dès lors, des difficultés pour reculer rapidement en couverture : le mouvement de repli des milieux, quand le ballon était dans la moitié de terrain adverse, créa, en effet, une supériorité numérique pour Liverpool dans le couloir opposé et permit aux Reds de faire tourner le ballon. D’une manière générale, Liverpool fut plus agressif et compact que Milan au milieu de terrain à partir de la seconde mi-temps. Pour Ancelotti, Milan AC aurait dû mieux gérer les changements opérés par l’adversaire dans le contexte néanmoins d’un match très particulier…La principale leçon qu’il en retire vise à mieux anticiper et percevoir le changement. Pour lui, ce dénouement dramatique l’a poussé, dans la suite de sa carrière, à renforcer ses interventions et à orienter les situations dès leur origine. Son analyse est plus synthétique concernant la « revanche » à Athènes. Sa principale interrogation résidait dans le choix de l’attaquant central entre Gilardino et Inzaghi, qui sera préféré, outre son instinct de renard des surfaces, en raison de son « regard » et de son attitude. Liverpool, toujours en 4-4-1-1, se caractérise par une attitude prudente, une couverture attentive, un pressing au milieu de terrain et des contre-attaques rapides tandis que le 4-4-2 du Milan en phase de non-possession de balle se transforme en 4-3-2-1 (le fameux sapin de noel) en phase offensive. Le match se joua pour Ancelotti sur les duels et le contrôle de l’adversaire avec peu d’occasions de marquer, dont sut néanmoins pleinement profiter Inzaghi au détriment des Redmen… Au fil de son ouvrage, Ancelotti cite aussi Bob Paisley, avec qui, selon certains observateurs, il présente certaines ressemblances : « Si tu parles doucement et avec respect, les gens te suivront. Si tu cries, ils feront probablement tout pour s'éloigner de toi ». On ne peut que lui souhaiter de connaître autant de succès en Bavière qu’Oncle Bob sur les rives de la Mersey…
  14. Contrairement à ce que le titre, emprunté d'un film du début des années 80 de Denys Granier-Deferre, pourrait laisser à penser, l'objet de cet article n'est pas de traiter des émoluments des membres du bureau de l'association mais de ceux de salariés aux revenus beaucoup plus modestes, les joueurs du Liverpool Football Club, dont le Daily Star a publié récemment, dans ses colonnes, les rémunérations supposées : JOUEUR SALAIRE EN 2015-2016 ECHÉANCE DU CONTRAT Simon Mignolet 4M€ 2021 Adam Bogdan 990.000€ 2017 Mamadou Sakho 4,9M€ 2020 Martin Skrtel 4,9M€ 2018 Dejan Lovren 4,3M€ 2019 Steven Caulker 2M€ 2016 Tiago Llori 1,3M€ 2018 Joe Gómez 676.000€ 2020 Alberto Moreno 2,6M€ 2019 José Enrique 4,9M€ 2016 Kolo Touré 4,3M€ 2016 Jon Flanagan 1,7M€ 2016 Emre Can 3,6M€ 2018 Lucas Leiva 5,2M€ 2017 Jordan Henderson 6,5M€ 2020 James Milner 7,9M€ 2017 Joe Allen 2,9M€ 2017 Philippe Coutinho 4,9M€ 2020 Adam Lallana 4,3M€ 2019 Joao Teixeira 328.000€ 2016 Roberto Firmino 6,5M€ 2020 Jordon Ibe 676.000€ 2020 Christian Benteke 9,2M€ 2020 Daniel Sturridge 7,9M€ 2019 Divock Origi 990.000€ 2019 Bien évidemment, ces chiffres doivent être analysés avec prudence ne connaissant pas la source exacte utilisée par les journalistes. Par ailleurs, au regard de la complexité des contrats désormais signés par les joueurs (droits d'image, bonus en fonction des performances...), la notion même de rémunération reste difficile à appréhender sur un périmètre semblable à l’ensemble du groupe. Néanmoins, cette échelle des rémunérations même relative permet de tirer quelques enseignements sur une des composantes majeures du football moderne, l’argent : Tout d’abord, il est difficile de résister au couplet du « c'était mieux avant » quand les joueurs négociaient avec Shankly une revalorisation de 100 £ après avoir remporté le championnat dans les années 70 ou qu'une prime de victoire dans une coupe dans les années 80 ne dépassait pas 1.000 £…. Ce monde est désormais révolu avec l'inflation exponentielle des droits TV depuis la fin du siècle dernier, qui s'est logiquement reportée sur la rémunération des principaux acteurs de ce « spectacle », c'est-à-dire les joueurs. A ce titre, il peut être remarqué que les rémunérations de ces derniers sont équivalentes à celles de « grands patrons » alors que la charge de travail et les responsabilités exercées paraissent légèrement inférieures… Il serait plus juste de les comparer avec celles d’artistes (chanteurs ou acteurs), dont le niveau de rémunération reste toutefois conditionné par le succès rencontré (à quoi les footballeurs sont protégés par la sécurité apportée par un contrat pluri-annuel très largement déconnecté des performances sur le terrain…). Autre enseignement plus rassurant ou conforme à une logique managériale « classique », le manager semble mieux payé que ses « subordonnées » les joueurs. Lors de son recrutement à l’automne 2015, une rémunération à hauteur de 9,5 M€ (égale à celle de Van Gaal, inférieure seulement à celle de Wenger et Mourinho alors à Chelsea) avait été évoquée pour le « normal one ». Même si la rémunération de certains traders excède largement celle déjà généreuse de celles de leurs patrons dans certains banques d’affaires, il apparaît plutôt sain que le « boss » soit mieux rémunéré que les salariés qu’il dirige. Il n’est pas sûr que ce soit toujours le cas, à l’exception de la dizaine de « top managers ». Ainsi, Pellegrini semblait émarger à seulement 5 M€ à Manchester City, niveau de rémunération vraisemblablement très inférieur à celui de ses meilleurs (ou supposés comme tels) joueurs. Un autre constat, cette fois plus inquiétant, réside dans la déconnexion entre le niveau de rémunération et les performances sportives : L'exemple le plus frappant est évidemment de retrouver Divock Origi en bas de classement des rémunérations tandis que son « remplaçant » durant toute la deuxième partie de saison dans l’attaque des Reds, Christian Benteke se pavane en tête... D'une manière générale, on constate que les acteurs « créateurs de valeur », c'est-à-dire, les joueurs offensifs censés créer des occasions et marquer des buts, sont logiquement les mieux rémunérés (Sturridge, Firmino...). La notion de joueurs « libres ou gratuits», en fin de contrat sans indemnité de transfert suivant la « jurisprudence Bosman » est aussi à relativiser. Les rémunérations de J. Milner ou de K. Touré n'auraient sûrement pas été aussi élevées si le club avait dû payer une indemnité de transfert. A l'instar du transfert à l'été de Joël Matip, les indemnités de transfert non-versées en raison de la fin de contrat sont quelque part intégrées dans la rémunération contractuelle du joueur, sans donc véritable économie pour le club... L’importance de l’ancienneté est aussi prégnante. Les jeunes joueurs, même prometteurs comme Joe Gomez ou Divock Origi, ne dépassent pas un plafond (certe conséquent pour un jeune de vingt ans…) de rémunération de 1 M€. Cette pratique reste conforme aux théories du moneyball, chère à nos propriétaires américains, d’investir sur des jeunes joueurs en devenir dans l’espoir d’une forte plus-value à la revente, moyennant toutefois que ces derniers ne soient pas attirés trop vite par des rémunérations supérieures ailleurs (cf. Sterling)… Le coût salarial des « poids morts » n’est pas, non plus, à négliger. Quand on additionne les rémunérations de Bogdan, Enrique, Ilori ou Caulker voire Flanagan, qui n'ont pas dépassé à eux tous sur la saison une dizaine de matchs, elles correspondraient à celle d'un joueur de classe mondiale ou au moins d'un « sérial-buteur » du calibre, si ce n’est du « Pistolero », au moins de C. Benteke... Comme pour toute entreprise, l'intérêt de ne pas se tromper dans le choix de ses collaborateurs est donc vital d’autant que le niveau des rémunérations pratiqué dans le monde du football et son impact à moyen terme sur la masse salariale rendent toute erreur de casting dramatiquement coûteuse.. Une politique salariale totalement déconnectée des prix du marché et de la performance des joueurs peut conduire un club à la faillite au moins sportive, comme l'ont rappelé récemment les exemples en Angleterre de Leeds ou Portsmouth... Après plusieurs années de relatif succès (voire d'échecs flagrants à l'instar de nos récents avants-centres), Jürgen Klopp souhaitera évidemment retrouver la dynamique connue à Dortmund pour constituer une équipe compétitive au meilleur rapport qualité-prix...A lui donc de montrer, dès la saison 2016-17, que sa rémunération est méritée…
  15. Même si le compte-rendu de déplacement ne constitue pas mon genre littéraire préféré, je m’y prête bien volontiers, ayant eu la chance d’assister successivement à deux aways, l’un en Europa League à Old Trafford et l’autre en championnat au Saint Mary’s stadium contre Southampton. Tout d’abord, je ne peux que remercier, encore une fois, la branche française, et plus particulièrement son indispensable responsable en charge de la billeterie, de m’avoir permis de bénéficier de ces deux billets qu’il aurait particulièrement difficile à un supporter « isolé » d’acquérir sans un historique de matchs étoffé… Ayant pris un vol pour Manchester le jeudi matin, j’ai pu parcourir, dans la journée, le centre-ville et je dois reconnaître que Manchester n’est plus aussi « full of sh** » que cela, offrant aux visiteurs moultes églises, bibliothèques et musées dignes d’intérêt. Chronique sportive oblige, l'attention est, avant tout, portée sur le récent musée du football, qui bénéficie d’un bel écrin architectural en plein cœur de la ville. L’intérieur est également plaisant à visiter même si l’on perçoit l’effort de « neutralité » visant à ne pas trop privilégier Manchester United…Liverpool FC y est quand même bien représenté avec notamment un des fameux costumes pastel Armani que portaient les « spice boys » lors de la finale de Cup perdue contre MU en 1996. Certaines thématiques (rapport à l’argent, hooliganisme) auraient sûrement mérité d’être approfondies mais une approche ludique et un peu mercantile est clairement privilégiée avec, par exemple, une vitrine consacrée aux cheveux coupés de Robbie Savage ou une exposition sur les jeux vidéos de foot…Une visite donc sympathique mais, en comparaison, j’ai préféré la partie consacrée au football du musée de la Liverpool Life, plus riche en émotions… En milieu d’après-midi, il était temps de se rapprocher d’Old Trafford et de découvrir un quartier des quays aussi bien rénové que celui des docks à Liverpool. Ayant choisi de loger à proximité du stade, plus l’heure du match se rapprochait, plus j’avais l’impression d’être le héros d’un film de zombies où les morts-vivants auraient revêtu la mauvaise tunique rouge… Cette légère impression de malaise s'est confirmée lors du match dès l'entrée dans le stade où les supporters des deux clubs, séparés par le cordon constitué par la « police à cheval » anglaise s'échangeaient des insultes dont ma compréhension perfectible de la langue de Shakespeare ne me permettait pas toujours (heureusement) d'apprécier la pertinence... Les échaffourés intervenus à la fin du match avec les scousers ayant réussi à s'introduire dans la tribune mancunienne surplombant le parcage visiteurs puis le lancer de quelques sièges entre les deux camps finirent de gâcher ce match, qui ne restera pas, pour moi, un souvenir impérissable malgré l'ambiance extraordinaire dans le travelling Kop. Même le but de Coutinho resta une frustration, l'ayant mieux vu sur le téléphone portable de mon voisin et n'ayant pu pleinement le célébrer en raison d'un fumigène lancé à deux sièges de moi...D'une manière générale, la rivalité légitime entre les deux plus grands clubs d'Angleterre devient, au fil des ans, de moins en moins saine. N'oublions pas qu'un des grands hommes de MU statutifié à Old Trafford fut un joueur de Liverpool (Matt Busby pas Bacon Face!!!). Ayant fait l'effort d'avoir acheté le fanzine United We Stand, on ne peut que constater que tant les villes en pleine rénovation que les deux clubs, par leur succès et leur histoire, se détestent autant qu'ils se ressemblent : tee-shirt non-officiel sur la chute de Stevie G ou écharpe « I'd prefer walk alone », vannes dans le fanzine sur le tirage au sort en Europa League, qui permet d'aller dans des coins perdus où on ne comprend pas ce que disent les locaux... Le vendredi fut consacré au versant sombre de l'away c'est-à-dire le voyage en car pour remonter du nord au sud de l'Angleterre, permettant néanmoins d'apercevoir certains stades qu'on risque de ne plus retrouver en Premier League comme celui d'Aston Villa...La journée se conclut par une visite (rapide) de Southampton by night, ville portuaire ne débordant pas d'attrait (même si son musée abrite des œuvres de Van Dyck ou Manet). Le samedi fut dédié au tourisme avec la visite du fameux Stonehenge assez décevante et chère pour les personnes peu sensibles au caractère mystique ou à la spiritualité des lieux (qui peuvent, de plus, être parfaitement vus de la route mitoyenne...). La découverte de Salisbury fut plus agréable avec notamment sa magnifique cathédrale qui abrite un des quatre exemplaires de la Magna Carta, texte fondateur pour les droits de l'homme. La soirée fut l'occasion d'une visite de Portsmouth by night, qui, comme sa voisine, à part les musées maritimes et un quartier rénové des docks, ne présente pas un charme fou... Le dimanche matin permit de boucler ce périple touristique avec la visite de Winchester qui abrite aussi une superbe cathédrale et différents monuments dignes d'intérêt. Il était alors temps de revenir, comme d'autres supporters, par train à Southampton pour assister au match du début d'après-midi. Le stade de Southampton peut être facilement relié du centre-ville grâce à une ballade fléchée d'une quinzaine de minutes (le retour est évidemment un peu plus compliqué avec la constitution d'un goulot d'étranglement mettant une dizaine de minutes à se dissiper...). Comme Old Trafford, le St Mary's stadium, de volume plus modeste, dispose de sa statue, sa boutique (celle d'OT n'est pas si grande qu'imaginée) et même des plaques nominatives apposées à l'extérieur. Le caractère sympathique du stade est confirmé avec la programmation musicale avec un bon vieux « Ace of spades » à la mi-temps (RIP Lemmy) pour égayer les animations... Malgré le déroulé du match défavorable aux Reds, je garde un très bon souvenir de cette rencontre où les kops se répondèrent (celui de Southampton reprenant évidemment de la voix à partir de la remontée des Saints). Un très beau dimanche de foot anglais où on peut se chambrer sans tomber dans une hostilité inutile... Il ne me restait donc qu'à reprendre le bus de Southampton pour Londres puis pour Paris avec la chance d'être bloqué à 2 heures du mat cinq heures devant le tunnel sous la manche...Les voyages forment donc le supporter en attendant la découverte du mur jaune !!!
  16. Comme le faisait remarquer un contributeur dans un des récents numéros de Red All Over The Land (RAOTL), le dernier fanzine existant consacré au Liverpool FC, on ne voit pas assez souvent Kevin Keegan à Anfield. D'une manière générale, il paraît assez surprenant qu'un des meilleurs joueurs européens (et sûrement le meilleur joueur anglais) des années 70 et du début des années 80 ne soit pas automatiquement considéré comme une légende sur les bords de la Mersey. « Mighty Mouse », son surnom, semble, en effet, souffrir de plusieurs handicaps aux yeux du peuple rouge : Tout d'abord, tel un amant délaissé, les supporters de LFC lui pardonnent mal son départ du club en 1977 pour Hambourg. Contrairement aux récents départs de joueurs emblématiques (Torres, ou Suarez), il est, en effet, difficile à l'époque de trouver mieux en Europe que l'équipe qu'il quitte à la suite de sa première finale victorieuse en C1, épreuve qu'elle remportera d’ailleurs, à nouveau, en 1978. Regret d’autant plus avivé pour les Scousers que Keegan est, dans ces années, au pic de sa forme. Recruté par Hambourg pour le montant record à l'époque de 500.000 £, il y remportera ainsi deux ballons d'or consécutifs en 1978 et 1979 ainsi que le championnat d'Allemagne en 1979. Il décida ensuite de retourner en Angleterre dans le modeste club de Southampton, où il termina meilleur buteur du championnat d'Angleterre avec 26 buts lors de sa première saison et fut élu meilleur joueur du championnat d'Angleterre lors de la seconde. A l'instar de Michael Owen, même si le LFC de Paisley ne semble pas s’être positionné sur lui, il peut lui être inconsciemment reproché de ne pas avoir souhaité revenir sous le maillot rouge après une expérience réussie à l'étranger... Par ailleurs, Keegan est lié par un attachement fort à sa ville natale de Newcastle. Il y finira sa carrière de joueur en faisant remonter, grâce à ses 48 buts en 78 matchs, les Magpies dans l'élite. Il y connaîtra aussi sa meilleure partie de carrière en tant qu'entraîneur, flirtant même avec le titre de champion dans le milieu des années 90 avant d'entamer des expériences moins concluantes (son manque de sens tactique lui est notamment reproché) à Fulham, à la tête des Three Lions, lors d'un deuxième passage à Newcastle et finalement à Manchester City. Il aura surtout le tort de déclarer, à l’époque, que Newcastle avait les meilleurs fans du monde... En outre, comme Owen une nouvelle fois, certains pourraient lui reprocher, au nom du fameux « We are Scouse not English », son engagement pour l'équipe nationale en tant que joueur (il comptabilisa un total de 63 sélections dont 31 comme capitaine, marquant 21 buts) avant d'en devenir le sélectionneur. Il ne faut pas oublier qu'à l'époque peu de joueurs anglais figuraient dans le onze titulaire de Liverpool, composé essentiellement d’écossais de gallois ou d’irlandais. Enfin, Keegan reste dans l'ombre de son successeur au poste de n°7 le légendaire King Kenny, qui est devenu une icône indéboulonnable au sein du club en tant que joueur puis manager. Homme également de deux clubs légendaires connus pour la ferveur de leurs fans, le joueur et puis le directeur sportif du Celtic, contrairement à Keegan à Newcastle, a privilégié la maison rouge sur laquelle il a bâti sa légende. Pourtant, le rôle de Kevin Keegan à Liverpool ne peut être minoré. Comme le rappelle David Peace dans Red or Dead, sa magnifique biographie romancée sur Shankly, Kevin Keegan fut l'homme-clé de cette période, associé à son compère John Toshack en attaque. Il donna ainsi aux Reds, au milieu des années 70, une nouvelle dimension tant nationale qu’européenne, comme en témoigne son formidable palmarès : Il remporta, en six ans, trois championnats d'angleterre en 1973, 1976 et 1977, une Cup en 1974, deux coupes de l'UEFA en 1973 et 1976 et donc la première C1 du club le 25 mai 1977 avec une victoire 3-1 devant Moenchengladbach . Le jeune joueur, recruté à Scunthorpe et débutant à Anfield le 14 août 1971 contre Nottingham Forest, se signala immédiatemment dans l’esprit des supporters en inscrivant son premier but après seulement 12 minutes de jeu. Il prit, très rapidement, une dimension internationale grâce à ses qualités de soliste au service du collectif, son intelligence de jeu et son activité infatigable sur l'aile droite des Reds. Newcastle doit donc apprendre à mieux partager Kevin Keegan avec Liverpool. Ne prit-il d'ailleurs pas sa retraite sportive en 1984 lors d'un match de gala sous le maillot de Newcastle face à Liverpool ? Surtout qui a marqué deux des trois buts en finale de la Cup 1974 pour Liverpool contre Newcastle ?
  17. Dans un des derniers numéros de Red All Over The Land, un contributeur relatait son déplacement à Sion (avec une photo d'ailleurs de la superbe bannière de la branche Rhône-Alpes avec sa fière devise 7eme compagnie / Spirit / Rock n Roll) et regrettait, tout en admettant que l'ambiance dans la tribune away était, avant tout, assurée par des supporters norvégiens et français, entendre des chants en français pour soutenir les Reds... Même s'il convient de reconnaître que les « chevaliers de la table ronde » n'appartiennent pas au patrimoine culturel du Liverpool Football Club, cette petite polémique, relative à l'accès de billets recherchés, illustre bien l'éternel débat sur l'out-of-towner et sa légitimité à supporter les Mighty Reds. Dans ce cadre, le scouser pur jus se jugera plus légitime à supporter et suivre les matchs des Reds que l'habitant de la Mersey qui, lui-même, considérera avoir plus le droit à un billet qu'un londonien. Le même phénomène se reproduira indéfiniment envers le supporter britannique, européen puis asiatique... Moi le premier il peut m'arriver de ressentir un certain agacement envers des touristes asiatiques débarquant pour des gros matchs avec leurs écharpes « mixtes » (y a-t-il quelque chose d'aussi stupide qu'une écharpe mixte « Liverpool / MU »?) et passant leurs matchs à faire des selfies... Au contraire, à la lecture des fanzines ou à l'occasion de rencontres dans les stades, on s'aperçoit vite que l'éloignement géographique n'est pas inversement conditionné à la ferveur exprimée pour les Reds. Dans la tribune away pour le match contre Southampton, me retournant en me disant intérieurement que je ne comprendrais jamais le scouser, j'ai pu voir un japonais encourageant avec passion les Reds et dont l'analyse tactique du match pouvait rendre envieux un certain nombre de supporters anglais. A contrario, il n'est pas rare de croiser des scousers à Anfield se manifestant au mieux par leur apathie et, au pire, par l'insulte continuelle envers leurs joueurs sans évidemment exprimer le moindre signe d'encouragement... Alors, comment trier le bon grain de l'ivraie entre le vrai supporter et le consommateur attiré par les lumières du football moderne ? A première vue, un système basé sur la fidélité, comme celui existant pour les matchs européens, apparaît assez légitime : Il semble normal que celui qui se déplace en plein hiver en Roumanie ou dans des stades perdus de Division 2 soit prioritaire au moment où s'annoncent les belles affiches au printemps... Il pourra être toutefois rétorqué que ce système est quelque part basé sur l'argent, qui permet de se déplacer régulièrement, et les disponibilités professionnelles et personnelles qui ne permettent pas d'être aussi libres que son attrait pour les Reds le souhaiterait. Les membres des branches asiatiques peuvent, en effet, difficilement se constituer des historiques et pourront avoir tendance à mettre le prix auprès de revendeurs officiels ou non pour bénéficier d'une place lors des quelques semaines de présence en Europe. De même, un supporter, ne pouvant faire qu'un déplacement sur deux ou trois ans, aura vraisemblablement envie de voir une belle affiche ou une finale. Certes, quand on est fan des Reds, tous les matchs se valent mais ne sommes-nous pas les premiers à regarder en priorité, quand le calendrier tombe, la date des matchs contre MU ou Everton ? Un déplacement à Dortmund n'est-il pas ainsi plus alléchant qu'une visite du stade d'Ausburg ? L'historique des droits est donc un critère intéressant mais ne peut être le seul. Dans un système où la demande excède l'offre, il empêcherait d'ailleurs les nouveaux supporters d'accéder au stade et de commencer à se constituer un historique... Un système mixte, retenu d'ailleurs par l'association pour l'attribution des places en championnat mélangeant, notamment pour les grandes affiches, les membres anciens et investis et nouveaux membres, même s'il n'avait pas ma préférence initiale, paraît aussi en mesure de répondre à cette ambition. Bien sûr, il y aura toujours quelques day-trippers qu'on ne reverra plus après l'obtention de leur billet à Anfield, qui iront ensuite écumer l'Emirates Stadium ou Old Trafford, mais le risque vaut d'être couru pour transmettre le virus de ce club, de ses valeurs et de son histoire (qui ne se résume pas à Stevie G et Luis Suarez....) à un maximum de membres. L'idéal serait de constituer deux circuits de distribution, l'un pour les touristes du foot (places VIP, marché noir), l'autre pour les supporters reconnus pour leur fidélité et leur loyauté avec des billets à des prix encore abordables (à travers des associations agréés par le club disposant régulièrement de places ?), qui auraient, en plus, le mérite de redonner un peu d'ambiance à Anfield, entre ceux qui chanteront et ceux qui poseront avec leurs écharpes devant le stade... Au regard des récents débats sur le prix des places à Anfield, le risque est évidemment que l'un des systèmes cherche à s'étendre au détriment de l'autre afin de maximiser les profits du sport-business...Ian Ayre, sors de ce corps !!!
  18. Après une recherche plus approfondie, l'ouvrage mentionné ci-dessus n'a pas été écrit en français mais traduit par nos amis des Swiss Liverbirds : Merci aux auteurs et aux traducteurs pour ce travail phénoménal consultable sur : http://www.liverpoolfc.ch/History/spec_hist_index.asp?chap=90 Pour info sur les auteurs : LES AUTEURSJeff Anderson est Responsable des Actualités et des Programmes à Granada Télévision ainsi que Producteur Exécutif de la série Tonight With Trevor Mc Donald sur ITV. Né à Kirkby, il assista à l’âge de six ans à son premier match de Liverpool passant la plus grande partie de ses vacances scolaires à la chasse aux autographes à Melwood. Il est toujours aujourd’hui un spectateur régulier à Anfield et a assisté à toutes les finales de Liverpool jouées sur sols Britanniques et Européens depuis 1974. Marié et père de quatre enfants, il vit actuellement à Wirral.Stephen Done est un fan de Liverpool depuis le jour où il vit Charlie George couché sur le dos et les jambes en l’air après avoir vaincu de courageux Rouges lors de la finale de la Coupe d’Angleterre de 1971. Il savait qu’il ne devait pas en être ainsi et était convaincu que Liverpool reviendrait pour gagner tous ce qu’il était possible de remporter. Stephen, formé aux beaux-arts, travaillait en tant que Photographe à Bristol et, par la suite, dans le Sud du Pays de Galles en tant que Conservateur de collections de beaux-arts, d’objets façonnés en charbon minier et, curieusement, de cravates de George Best, avant de se rendre à Liverpool et d’exercer la profession de ses rêves en tant que Conservateur du Musée du FC Liverpool et des archives à Anfield.The Official Liverpool FC Illustrated History est traduit et adapté de l’anglais par Pascal Humair, Président des Swiss Liverbirds (Membre Officiel de l’Association des Branches Internationales du FC Liverpool) - www.liverpoolfc.ch
  19. A l’occasion d’une recherche sur Internet, j’ai eu la chance de tomber sur le document que je recherchais depuis plusieurs années, c'est-à-dire une histoire du Liverpool Football Club en français. Malheureusement, le nom de l’auteur de cet ouvrage, préfacé par Gérard Houllier, ne figurait pas sur les fichiers PDF récupérés. Qu’il soit, en tout cas, remercié pour son travail très instructif et pédagogique. Quelques faits saillants peuvent être portés à l'attention des lecteurs intéressés, notamment sur la création du club. Contrairement à l'idée traditionnellement répandue, Liverpool était plutôt une ville de rugby au XIXème siècle. Les dockers ayant obtenu le droit à la semaine de 5 jours et demie, il fallut toutefois trouver une occupation pour le samedi après-midi… Everton, qui fut à l’origine de la création de LFC, suite à la brouille entre John Houlding et les membres du Board, était, à la fin du XIXème siècle, un club en avance sur son temps. Ce fut, en effet, le 1er club anglais à publier un programme de match et à utiliser des filets dans les cages… C'est William Barclay, ami de John Houlding, qui trouva, suite à la scission avec Everton, le nom du Liverpool Football Club, qui fut officiellement créé le 15 mars 1892. Le nom étant déjà emprunté par la principale union de rugby de la ville, John Houlding accepta d’y adjoindre le terme association afin d’éviter toute confusion dans l'esprit des scousers… Le 1er match à Anfield fut un match amical le 1er septembre 1892 contre l'équipe de Rothertham Town appartenant à la ligue de Midland. Il se conclut par une victoire de 7 buts à 1 des Reds, qui évoluaient, à l'époque, avec un maillot bleu et blanc… Le premier derby de la Mersey eut lieu, quant à lui, le samedi 22 avril 1893 au Bootle Football Club à l'occasion de la coupe Senior de Liverpool. Il fut remporté par les « futurs » Reds 1-0… La promotion en première ligue fut obtenue lors de la saison 1893-94 contre le dernier de la division, Newton Heath, club qui allait devenir plus tard Manchester United…Malheureusement, après une saison difficile avec seulement 7 victoires en 30 matchs, l’équipe fut reléguée dès l’année suivante. Cet échec poussa le board à investir dans de nouveaux joueurs qui assurèrent la remontée lors de la saison 1895-96 avec un record inégalé jusqu'à nos jours de 106 buts et quelques « démolitions » des équipes adverses : 7-0 à l'extérieur contre Crewe ou 10-1 à domicile face à Rothertham Town… Le 1er manager mythique sur les bords de la Mersey fut Tom Watson, recruté de Sunderland et qui resta 19 ans au chevet des Reds, leur assurant leur 1er titre de champion en 1898-99 (qu’il compléta d’un autre titre et d’une finale de Cup). Il reste, à ce titre et jusqu’à nos jours, le manager dont la longévité fut la plus étendue sur les bancs de LFC…Pour l’aider dans cette tâche, il bénéficia de l’apport d’un des meilleurs défenseurs centraux de l’époque, Alex Raisbeck, capitaine de l'équipe d'Ecosse, qui étrenna une nouvelle tenue rouge et blanc… Après les succès du début du XXème siècle, les Reds, orphelins de John Houlding disparu le 17 mars 1902, revinrent à un certain anonymat en raison notamment de l’introduction d’un salary-cap de 4 £ par semaine (alors que Liverpool avait l’habitude de payer ses joueurs 10 £ avec des bonus) ne permettant plus d’attirer les joueurs prometteurs sur les bords de la Mersey... Malgré ces déboires sportifs, le club rencontrait un certain succès auprès des policiers. 25% des actionnaires du club en 1914 étaient, en effet, des agents de police locaux… La malédiction de la coupe d’Angleterre commença également à cette période avec une finale perdue contre Burnley 1-0 en 1914. Elle donna corps à la vielle plaisanterie du Scouser, qui économise pour le jour où son équipe gagnera la coupe et mourra millionnaire… Moins réjouissant, un match arrangé entre MU et Liverpool fit scandale durant la saison 1914-15… Les supporters des Reds purent se consoler avec un buteur d'exception, dans les années 20, Gordon Hodgson qui totalisa 232 buts en 359 apparitions et 17 coups de chapeau soit le record pour un attaquant du club. L'histoire du club est plus connue ensuite. Après la seconde guerre mondiale, le club connut une décennie de déclin avec notamment un entraîneur assez imprévisible Don Welsh, qui célébrait les victoires de LFC en faisant la roue dans les vestiaires… Billy Liddell, que beaucoup considèrent encore aujourd'hui comme le plus grand joueur du club, apporta néanmoins, dans cette période difficile, de grandes joies aux supporters des Reds. Outre ses qualités footballistiques exceptionnelles, Billy était un homme exemplaire dans la « vraie vie ». Il refusa ainsi une offre lucrative de Bogota après la défaite en coupe de 1950 alors que le club commençait son déclin. « Liddellpool » était véritablement un homme à part, qui soutenait les œuvres de charité tout en travaillant comme comptable dans la journée. Son intégrité et sa sportivité lui valaient des ovations de la part des supporters adverses. Il décéda en 2001 des suites d'une longue maladie tout en étant resté, jusqu’à la fin, un spectateur assidu à Anfield. Liverpool entra ensuite dans l’ère du succès avec Bill Shankly puis Bob Paisley. Comme le résume Phil Thompson, « être supporter en ce temps-là consistait à croire que ce que disait Shanks allait se réaliser »…Wembley fut aussi rebaptisé Anfield Sud sous Paisley. Avant le Heysel et Hillsborough, une catastrophe fut aussi évitée de peu à l'occasion d'une demi-finale de Milk Cup contre Walsall. L’ère du déclin peut être datée du 22 février 1991, date du départ de Dalglish. La plupart des fans et la majorité des joueurs espéraient qu'Alan Hansen prenne la suite mais il souhaitait alors s'éloigner du monde du foot, laissant la place à Souness, qui, comme le constate John Barnes, s’est peut-être surestimé comme manager (« cela peut prendre toute une saison pour qu'un joueur s'acclimate alors imaginez cinq ou six »…). Liverpool entra ensuite dans l’ère du foot-business où Shankly et Paisley auraient sûrement rencontré des difficultés face aux salaires de millionnaires des joueurs et l'influence grandissante de leurs agents… A travers ce bref survol, la richesse de l’histoire du Liverpool Football Club est confirmée. Nous pourrons nous y attarder plus précisément dans de prochains articles sur des périodes précises.
  20. Dans une période où les campagnes de transferts se soldent par des investissements faramineux voire indécents et souvent des échecs retentissants, il est rafraîchissant de se plonger dans l’ouvrage que consacre Simon Hughes à Geoff Twentyman, en charge du recrutement à Liverpool de Shankly à Dalglish et, de fait, à l’origine des venues de Hansen (qui rédige la préface), Rush, Keegan, Clemence, Mc Dermott, Neal, Kennedy, Heighway ou Nicol… Pour caractériser l’influence de Twentyman sur les succès du club dans cette période dorée, il convient de rappeler que ce génial scout conseilla le recrutement de neuf joueurs sur les seize, qui composèrent l’équipe lors de la finale victorieuse de la C1 contre la Roma en 1984. Durant ces dix-neuf saisons en tant que responsable du recrutement, Liverpool remporta 29 titres auxquels Twentyman ne fut pas totalement étranger… Twentyman commença sa carrière en tant que joueur dans les années 50 : Il joua 184 matchs et marqua 19 buts pour Liverpool puis devint manager-joueur à Ballymena. Il fut ensuite recruté par Shankly comme chef scout avec pour mission de faire de Liverpool un club à succès avec le moins d’argent possible… Ses critères de recrutement (qu’il consigne dans un carnet qui fait l'objet de fil rouge de l’ouvrage) restent assez simples : - Ne pas observer deux fois un joueur qui ne peut taper dans la balle correctement ; - Privilégier les joueurs du Nord et notamment les Ecossais, qui, selon lui, partagent un certain nombre de caractéristiques avec les scousers ; - Suivre des joueurs inconnus venant des divisions inférieures plutôt que des grands noms, qu’il observe dans les tribunes avec les supporters, - Attendre que les jeunes joueurs acquièrent un peu d’expérience : Ainsi, Alan Hansen fut acheté à Partick Thistle six ans après un premier essai infructueux à Liverpool. Bien évidemment, Twentyman laissa passer quelques « pépites ». Ce fut le cas avec Kevin Sheedy qui, blessé et concurrencé par Ronnie Whelan, fut un échec à LFC alors qu’il contribua au succès des Toffees dans les 80’s. Le fait d’avoir sous-estimé le potentiel de Gary Lineker, à un moment où la concurrence entre les deux clubs de la Mersey était au firmament, coûta plus ou moins sa place à Twentyman en 1986 même si Dalglish, dans sa première année de manager, lui demanda d’observer les équipes adverses. Souness profita de l’occasion et le recruta au Glasgow Rangers, où il resta trois ans. Curieusement, il ne le reprit pas quand il prit la tête de Liverpool en 1991, ce qui aurait pu éviter quelques transferts catastrophiques… Les entretiens réalisés par Simon Hughes avec les joueurs observés par Twentyman permettent également de bénéficier de différentes anecdotes : - David Fairclough a failli jouer en France à Quimper (il avait également des touches avec Bastia et Gueugnon) ; - La rivalité entre Liverpool et Manchester United fut, un temps, plus saine selon Martin Buchan, joueur à MU mais scouté par Twentyman comme le témoignaient l’amitié entre Busby et Shankly ou les conversations entre Shankly et le milieu mancunien Paddy Crerand (qui allait voir les Reds quand MU ne jouait pas…) ; - Suite aux débuts difficiles d’Alan Kennedy après un investissement conséquent pour l’époque, Bob Paisley fit remarquer ironiquement « je pense qu’ils ont abattu le mauvais Kennedy » ; - Bob Paisley encore avait donné consigne à Twentyman de rechercher le genre de joueurs qui tentera de faire un petit pont à Kevin Keegan dans un match d’entraînement tout en se tenant respectueusement derrière lui dans le corridor. Le travail de Twentyman fut donc exceptionnel dans un contexte certes facilité par l’attraction de LFC, qui n’était pas à l’époque un club vendeur (hormis pour Keegan et Rush). La concurrence entre les clubs est désormais plus importante et le périmètre de recherche des joueurs est étendu au monde entier. En revanche, les scouts bénéficient de moyens de communication étendus alors que Twentyman devait se déplacer sur les terrains pour observer les joueurs. Comme le conclut Carragher, « il n’y a pas assez de gens comme Bill Shankly, Bob Paisley, Joe Fagan ou Geoff Twentyman dans le football de nos jours ». On peut regretter, à cette occasion, que Twentyman, qui souffrit, comme Paisley, de la maladie d’Alzenheimer, ne fut jamais honoré d’un match testimonial à Anfield pour le remercier de ses recrutements au rapport qualité/prix incomparable…
  21. rafalabamba

    Gerry Byrne

    Au moment où Liverpool s'apprête à disputer une nouvelle finale de coupe, il est bon de se souvenir d'un de ses glorieux serviteurs Gerry Byrne, malheureusement disparu à la fin de l'année dernière, l'arrière gauche des Reds qui joua la finale de la Cup (et sa prolongation) avec une clavicule cassée dès la 3ème minute. Il est vrai qu'en ces temps-là, aucun remplacement n'était permis... Né à Liverpool et ayant joué toute sa carrière pour LFC, qu'il rejoint à 15 ans en 1953, Shankly disait de lui que « le meilleur professionnel que j'ai eu sous mes ordres fut Gerry Byrne : Un vrai Liverpuldian qui ne pouvait regarder un scouser dans les yeux après un match sans avoir tout donné pendant 90 minutes ». Surnommé « Crunch » ie « le croqueur », il avait une réputation de tacleur, dur sur l’homme mais propre dans ses interventions : Il ne fut d’ailleurs jamais expulsé durant sa carrière professionnelle. Au jeune Tommy Smith, qui avait fait un petit pont à Gerry Byrne, récompensé d’un coup de tête de ce dernier lors du contact suivant, Shankly avertit son joueur « Leçon numéro 1 : Ne pense pas que tu vas faire un petit pont à Gerry Byrne et pouvoir t’échapper…». Gerry Byrne connut des débuts difficiles en 1957 avec une lourde défaite à Charlton par 5 buts à 1 (avec un but contre son camp) et resta jusqu’en 1959 le remplaçant de Ronnie Moran. C'est Shankly qui lui donna véritablement sa chance en faisant de lui un titulaire indiscutable, avec Chris Lawler sur le côté opposé, alors qu'il avait été placé initialement sur la liste des transferts. Il remporta deux titres en 1964 et 1966 jusqu'à sa retraite en avril 1969 suite à une blessure au genou disputant 333 matchs sous le maillot rouge. Il rentra dans la légende des Reds à l'occasion de la finale de la Cup en 1965 contre Leeds où son courage de jouer avec une clavicule cassée, suite à un contact sévère avec le capitaine de Leeds Bobby Collins en début de partie, fut salué par tous (et incita vraisemblablement la FA à autoriser les remplacements). Il trouva même la force de centrer pour l'ouverture du score des Reds lors de la prolongation. Il dit simplement, après le match, que « Shankly n'aimait pas les blessures ». Il joua, de manière similaire, avec une épaule disloquée lors d’un match de coupe d’europe contre le Celtic en 1966 ce qui ne l’empêcha pas d’être présent pour le match du week-end en championnat…Il fit partie de l'équipe défaite en finale de C2 en 1966 contre Dortmund. Il fut également champion du monde avec l'équipe d'Angleterre même s'il ne fut que remplaçant avec les trois lions. Il comptabilisa deux sélections contre l'Ecosse et la Norvège souffrant de la concurrence de l’arrière gauche d’Everton Ray Wilson. C'est plus de 42.000 personnes qui l'honorèrent le 8 avril 1970 lors de son jubilé suite à l’arrêt de sa carrière en avril 1969, mal remis d’une blessure au genou intervenue en août 1966. Le peuple rouge rendait hommage à un joueur de caractère, dont l’exemple pourrait utilement inspirer l’équipe actuelle. RIP Gerry Byrne.
  22. A la suite de l'homérique saison 2013/2014, où Liverpool fut très proche d'atteindre le Saint-Graal d'un 19ème titre, un double leitmotiv animait le début de saison 2014/15 : - « Here We go again » symbolisait l'ambition (certainement utopique) de lutter, une nouvelle fois, pour le titre, - « Nous ne ferons pas une Spurs » devait s'appliquer en matière de transferts, en référence aux nombreux achats réalisés par Tottenham, à la suite de la vente très profitable au Real Madrid de Gareth Bale, de joueurs au rendement moyen payés fort chers... 18 mois après, le bilan, en matière de transferts, s'avère terrible : D'une équipe, postulant pour le titre de champion d'angleterre, avec une des meilleures lignes d'attaque européenne, le fameux SAS Suarez-Sturridge-Sterling, alimentée par un milieu solide et dont le seul axe d'amélioration résidait au sein du secteur défensif, Liverpool est désormais, après 17 acquisitions dans tous les postes lors des deux mercatos d'été, dotée d'une équipe moyenne, dénuée de joueurs de classe mondiale, comme l'avaient pu l'être Steven Gerrard, Mascherano, Torres, Xabi Alonso ou Luis Suarez dans ces dix dernières années... Quelle politique de transfert a pu justifier un tel échec ? Lors de leur arrivée, nos propriétaires américains ont communiqué sur la théorie du « Moneyball », qui, outre une analyse approfondie en matière de statistiques, vise à miser sur de jeunes joueurs prometteurs, les faire progresser durant plusieurs années pour ensuite assurer un gain substantiel lors de leur revente. En terme de gouvernance, un comité des transferts avait été mis en place suite à l'expérience négative du directeur sportif lors de l'ère Dalglish II (en la personne de Damien Comolli), option que Brendan Rodgers avait réfutée lors de sa prise de fonctions. La composition de ce comité de transferts n'est pas officielle mais il semble composé au moins de deux chefs scouts (débauchés de Manchester City), du manager et d'Ian Ayre, en charge du budget et de la négociation des transferts avec les joueurs et leurs agents. A la vue des transferts réalisés ces deux dernières années, quels ont été les principes retenus par le club en matière de recrutement ? - En premier lieu, bien évidemment l'application du moneyball avec l'achat de jeunes joueurs normalement prometteurs à des prix plus (Ings, Gomez, Origi ou Manquillo certes prêté par l'Atletico Madrid) ou moins (Moreno, Can et surtout Markovic) abordables ; - l'achat de joueurs confirmés, souvent internationaux, libres ou proches de la fin de leur contrat (Milner, Lambert voire Clyne) : Ils sont, quelque part, le symétrique du moneyball ; les « jeunes pousses » devant être encadrées par des joueurs expérimentés même si leur impact sur la masse salariale du club est évidemment plus conséquent ; - les transferts onéreux de joueurs censés apporter une plus-value immédiate à l'équipe (Lallana ou Lovren en 2014, Benteke ou Firmino en 2015) : C'est évidemment dans ce secteur que le bilan est le plus catastrophique avec l'achat de joueurs surpayés au regard de leur valeur, dont les symboles sont un avant-centre et un défenseur central, achetés pour près de 60 M € et qui sont titulaires sur le banc... - Le cas Balotelli : Rétrospectivement, le recrutement de Crazy Balo paraît difficilement compréhensible : Doté d'un passif disciplinaire étendu dans ses précédents clubs, il n'était ni jeune ni véritablement « bon-marché ». Second choix, faute d'avoir réussi à attirer Alexis Sanchez sur les bords de la Mersey, il pouvait paradoxalement être considéré comme un risque maîtrisé vu son potentiel et une indemnité de transfert raisonnable, en comparaison d'autres attaquants de renom, permettant de limiter les pertes en cas d'échec : Force est de constater que le pari n'a pas été réussi, l'intéressé se signalant plus par ses frasques comportementales que par son activité de buteur... - Enfin, le recrutement de Bogdan rappelle l'incapacité de Liverpool, depuis une vingtaine d'années, à disposer d'un gardien remplaçant de bon niveau. Toutes les options ont été testées (le jeune gardien en devenir, le gardien expérimenté en fin de carrière, l'achat de deux gardiens de niveau équivalent simultanément avec Dudek et Kirkland...) sans véritable réussite, rappelée d'autant plus cruellement lors de la méforme du gardien titulaire à l'instar de la saison dernière... En conclusion, nous n'avons donc pas fait une Spurs mais deux suite aux belles ventes de deux joueurs de classe mondiale (Suarez en 2014 et Sterling en 2015) dont le produit a été, chaque fois, réinvesti dans un ensemble de « bons » joueurs, n'appartenant, en aucun cas, à la catégorie des top players, et qui ont été surpayés par rapport à leur valeur réelle, dont une minorité (Can voire Moreno, les cas de Firmino, Clyne et Lallana étant encore en suspens) peut être considérée comme un véritable succès. Encore plus contrariant, la théorie du Moneyball a rapidement montré ses limites dans l'environnement du foot-business, où les règles du fair-play financier restent peu coercitives au regard de l'environnement juridique communautaire et de la pression des intérêts financiers...Liverpool, pourtant un des clubs les plus riches du monde, n'est plus en mesure de garder ses meilleurs joueurs, notamment les jeunes quelques années, permettant de capitaliser sur leur talent avant de réaliser une belle plus-value financière à l'instar du modèle de l'AJ Auxerre sous Guy Roux...Le seul point relativement positif réside dans la capacité du club à vendre ses meilleurs joueurs à un bon prix depuis la fin des années 2000 (Xabi Alonso, Torres, Mascherano, Suarez puis Sterling), contrairement aux « soldes » que purent être les transferts de Mc Manaman ou Owen au Real de Madrid... La politique de transfert de Liverpool ressemble donc à un champ de ruines, suscitant au mieux de l'ironie chez les médias ou les supporters d'autres clubs. Il revient au seul élément de classe mondiale, désormais au club, c'est-à-dire son manager Jürgen Klopp, de rebâtir une organisation cohérente et efficace en matière de transferts. Disposera-t-il des moyens adéquats, similaires à l'environnement connu à Dortmund, pour mener à bien cette mission ? Restera-t-il surtout un dernier joyau de la couronne (Coutinho?) pour alimenter le budget transfert du prochain mercato d'été ?
  23. rafalabamba

    Bob Paisley

    Evénement qui s'annonce très intéressant : Dommage que ce soit pas un WE de match à Anfield...
  24. Good Afternoon From The Very Mild Shed Once again we are making our very Red All Over The Land Christmas Cards available to one and all. The cards, which can be viewed below, have been professionally drawn by Peter King formerly of the Kop newspaper that came to an end in June. Peter might be better known to Kop readers as PAKTOONS. We have two cards and they come in packs of TEN, five of each card. The prices are as follows; UK £8 per pack; Europe £9 and the Rest of World £10 The cards can be purchased by visiting www.redallovertheland.com and visiting the subscription page. Alternatively you can make a PAYPAL payment direct to redallovertheland@gmail.com. If you prefer to pay by cheque just make it payable to RAOTL and send to; RAOTL; 527 New Ashby Road Loughborough; LE11 4EX and if you want to make a bank transfer just email me for details. Allow 7 days for delivery although I’ll try and get orders out within twenty-four hours of receipt of payment. I’m happy to do special offers for bulk deals with Supporters Clubs and Associations etc. Just drop me an email and I’ll take it from there. I apologise if you have received this email in error and if you have received more than one copy of the email. I hope the cards are well received and of course, there is a slight Herr Klopp connection. Regards John Pearman Editor Red All Over The Land www.redallovertheland.com
  25. rafalabamba

    Série TV

    Homeland, une fois dégagé de son intrigue initial (je n'accroche pas non plus sur Hatufim), se bonifie avec l'âge... Assez rare pour être souligné...
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